Le Kremlin reste muet sur le bilan des incendies

Officiellement, 52 personnes ont trouvé la mort à cause des incendies de forêts en Russie cet été. Mais la surmortalité due à la canicule et aux nuages de fumées recouvrant des régions entières est bien supérieure. Or, chez les autorités russes, c'est « motus et bouche cousue » sur le bilan humain, afin d'éviter « de créer la panique », se justifient-elles. Seul Andreï Seltskovski, directeur du département santé de la ville de Moscou, a concédé que le taux de mortalité dans la capitale russe est deux fois supérieur à la normale. Sur 700 morts décomptés par jour, la moitié est donc due à la chaleur extrême qui dure depuis début juillet et ne baisse pas. De son côté, le météorologue américain Jeff Masters estime sur son site www.wunderground.com que le bilan en Russie pourrait atteindre 15.000 morts.1.877 maisons détruitesMême incertitude sur le coût économique de la catastrophe. Selon le ministère des Régions, le feu a détruit 1.877 maisons dans 13 régions. La réparation et la construction de nouveaux logements coûteront à l'État à peine 117 millions d'euros, selon le même ministère. Autre son de cloche du côté des banques HSBC et UralSib, dont les experts évoquent en choeur un coût de 11,6 milliards d'euros. 1 % du PIB russe serait donc parti en fumée avec les forêts russes. Pour leur part, les autorités se refusent à donner un chiffre, du moins pas avant la fin 2010. Le secteur agricole, qui représente 4 % du PIB russe, devrait réduire d'un tiers son activité, selon les experts. La banque UBS chiffre, elle, les coûts à 0,5 % du PIB. Tous ne sont pas aussi définitifs. « Il est trop tôt pour mesurer les conséquences de la sécheresse sur la performance économique de la Russie », estime Evgueni Gavrilenkov, économiste à la banque d'investissement Troika Dialog à Moscou. Ce dernier minimise les effets de la catastrophe sur le budget. Optimiste, il table « au vu des tendances encourageantes venant de recettes stables hors pétroles et gaz » sur un déficit 2010 à 4 % du PIB.Quant aux récoltes de céréales, la situation est aussi claire que déprimante. Initialement prévue pour battre le record des 97 millions de tonnes de 2009, la moisson 2010 ne devrait atteindre que 60 à 65 millions de tonnes, selon le Premier ministre Vladimir Poutine. Sois nettement sous le seuil de la consommation domestique (77 millions de tonnes). Moscou comptait revenir cette année dans le classement des cinq premiers exportateurs mondiaux de céréales. Incendies et chaleur en ont décidé autrement. Les exportations sont désormais interdites, et le pays va devoir importer pour satisfaire ses besoins. n
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