Où vont les marchés actions chinois et indien ?

Ces dernières années, la Chine et l'Inde ont suscité l'engouement des investisseurs. Entre 2003 et 2007, les cours des actions ont pratiquement quadruplé en Chine et sextuplé en Inde. Leur chute cette année, de l'ordre de 30 % à 50 %, a provoqué un dur retour à la réalité. Aujourd'hui, ce pari s'avère-t-il toujours aussi attrayant pour les investisseurs ? Le grand boom de la Chine et de l'Inde est-il arrivé à terme ?En général, les fortes corrections boursières enregistrées sur ces deux marchés sont le pendant du niveau exagéré des attentes formulées précédemment par les investisseurs. Et, malgré de belles opportunités, ce sont à présent les facteurs de risque qui sont au coeur des discussions. Il faut citer en particulier les taux d'intérêt élevés dont pâtissent actuellement les deux pays (environ 8 % pour la Chine, 11 % pour l'Inde).Marges soumises à forte pression.En Inde, les élections parlementaires se dérouleront au plus tard au printemps 2009. Le gouvernement est menacé de perdre ces élections s'il ne réussit pas à maîtriser l'augmentation actuelle des prix. Seule une petite partie de la population rurale a pu profiter jusqu'à présent de la reprise économique, laquelle population est d'autant plus victime de l'explosion des prix des produits alimentaires et de l'énergie. Les subventions d'État ne pourront être maintenues que très difficilement compte tenu du fort déficit budgétaire. Les marges bénéficiaires des entreprises suivent la tendance générale et sont, elles aussi, soumises à une forte pression. Les secteurs tournés vers l'exportation, tels que l'informatique, peuvent en revanche tirer leur épingle du jeu, car ils profitent de la dévaluation de la devise nationale.Les répercussions globales d'une assez longue récession aux États-Unis viennent également troubler les perspectives, même si les relations commerciales que l'Inde entretient avec les États-Unis ne représentent qu'une faible part de son activité économique.Nous maintenons pour le moment une position très prudente, car le marché, malgré la baisse enregistrée en 2008, ne présente pas un attrait suffisant. Et l'on n'assiste actuellement qu'à très peu de changements pouvant entraîner une reprise durable.Quant à la Chine, le gouvernement de Pékin se trouve confronté à un dilemme : il doit en effet soutenir d'une part la croissance économique pour créer un nombre suffisant d'emplois nouveaux et, d'autre part, freiner l'attribution de crédits, le marché de l'immobilier et l'afflux de capitaux étrangers afin de réduire la pression inflationniste.Ce dernier point est une priorité absolue, car la forte hausse des prix menace l'existence même de centaines de millions de Chinois et pourrait être à l'origine de violents foyers d'agitation sociale. La banque nationale n'a pas encore pu endiguer réellement ces hausses de prix, compte tenu de l'augmentation vertigineuse des prix de l'énergie. C'est pourquoi le gouvernement exerce un contrôle accru sur les prix. Cette situation est défavorable pour les investisseurs, car les prévisions sur les bénéfices peuvent à tout moment perdre de leur validité. Compte tenu du niveau élevé des attentes du marché, une révision à la baisse des pronostics de croissance, aussi minime soit-elle, pourrait suffire à faire chuter brutalement l'action d'une entreprise.Craintes exagérées.Les Jeux olympiques étant désormais passés, on devrait entrevoir plus clairement la ligne économique adoptée par l'État chinois, et il se peut que le taux d'inflation dépasse alors son précédent point haut. Inversement, si elle s'avère durable, la baisse des cours du pétrole pourrait soutenir une nouvelle envolée des cours des actions.La banque nationale et le gouvernement ont déjà commencé ces derniers temps à focaliser toute leur attention sur la reprise de la croissance au détriment de la lutte contre l'inflation. Un ralentissement dramatique de la croissance paraît peu probable, et les craintes d'un impact négatif sévère lié à des fermetures d'entreprises et autres restrictions après les Jeux olympiques devraient s'avérer exagérées. Il est probable que l'on enregistrera un fléchissement de la croissance à 9-10 %.La Chine et l'Inde restent des pays très attrayants à long terme pour les investisseurs, mais la sélection des actions devient toujours plus cruciale. Il est donc conseillé de se tourner vers les fonds activement gérés et, dans le contexte actuel, de programmer ses investissements dans le temps.(*) Gérant senior, Raiffeisen Capital Management, Vienne.
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