Sur le terrain, parlementaires et cadres de l'UMP peinent à défendre la taxe carbone

Michel Rocard l'avait pressenti. Le 10 juin, jour de sa présentation officielle comme président de la conférence des experts sur la taxe carbone, il lançait : « Tout ce qui est fait sous le signe de la précipitation rate, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'affaires fiscales. » La prophétie rocardienne est en train de se réaliser. La taxe carbone, mesure écologique phare du budget 2010, imposée par Nicolas Sarkozy, en est également la disposition la plus mal comprise. C'est le constat que font de nombreux parlementaires UMP, corroboré par quelques sondages qui tous indiquent qu'environ les deux tiers des Français sont opposés à la nouvelle taxe.Sur le terrain, « les élus rament » pour transmettre « la bonne parole » du gouvernement, résume une députée UMP jointe au retour de sa circonscription. « Sur place, les gens ne voient qu'une chose : l'augmentation des prix des carburants », commente-t-elle, désespérée de ne pouvoir « faire la pédagogie minimum pour convaincre les gens de la nécessité de l'émergence d'une fiscalité écologique ». Déficit d'explication, précipitation, manque de relais sur le terrain, la décision de Nicolas Sarkozy est vécue comme un diktat imposé de tout en haut.procès d'intentionL'ancien ministre de l'Environnement et actuel maire UMP de Bourges (Cher), Serge Lepeltier, le reconnaît avec franchise : « La taxe carbone ! La population n'y comprend rien, pas plus à la taxe d'ailleurs qu'au chèque vert. » L'édile de Bourges, qui a organisé plusieurs réunions publiques sur ce sujet, soutient avec passion la création de cette taxe, mais avoue qu'il aurait préféré une autre architecture. « En contrepartie, il suffisait de baisser une charge sociale, ç'aurait été plus clair. »Fabienne Keller, sénatrice UMP de Strasbourg, admet, elle aussi, la difficulté à expliquer l'impôt vert. « La première perception est très négative », raconte-t-elle, appréciation renforcée par le fait que « les gens disent que c'est une taxe de plus ». Pire, « les Français, je le ressens fortement, pensent qu'il s'agit, sous couvert d'écologie, de remplir les caisses de l'État », déplore-t-elle. Un procès d'intention que l'on fait en Alsace comme dans les Ardennes. « Vous peignez un impôt en vert pour gagner de l'argent », m'a-t-on souvent lancé, raconte François Grosdidier. Et le député maire UMP de Woippy (Moselle) de raconter que lorsqu'il a demandé aux cadres UMP de sa circonscription de relayer le message gouvernemental, ces derniers ont préféré « ne pas en parler », tant ils se heurtaient aux convictions de la population. Rémy J
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