Il est arrivé dans l'entreprise, les mains vides de diplômes. Vingt-trois ans plus tard, il la dirige : c'est l'histoire d'un homme de 46 ans, Éric Jacquemet, et d'une entreprise, TNT Express, filiale française du groupe international de messagerie. Une histoire où un parcours remarquable d'autodidacte influence totalement une vision des ressources humaines. Entré en 1986 chez Jet Service, 700 salariés, Éric Jacquemet en devient, en 1994, directeur commercial, puis directeur général en 1999, lorsque Jet Service devient filiale de TNT, puis PDG en 2004. Aujourd'hui, TNT Express France emploie 5.000 salariés. Passionné de voile, Éric Jacquemet ressemble au skipper d'un navire qui a commencé comme matelot. Lorsqu'il monte sur le pont dans la tempête, les marins sont rassurés. Ils savent qu'il connaît le bateau de la poupe à proue et dans tous les recoins.Ce dirigeant croit à la formation continue. « Ma conviction, explique-t-il, est qu'apprendre tout au long de la vie est essentiel pour se développer. Et, en ce domaine, je crois en l'implication des managers, ce sont eux qui m'ont formé, ce sont eux qui m'ont fait confiance. » Des salariés sont sélectionnés pour leur expertise technique et leur position de leader pour transmettre leurs compétences aux plus jeunes. Depuis juin 2009, ils suivent des formations de formateurs. « La formation en entreprise doit être pragmatique et améliorer les compétences des collaborateurs pour, au final, mieux servir nos clients. Je ne veux pas installer mes équipes dans une salle face à un formateur. Je parie sur la transmission de connaissances dans une sorte de parrainage, d'apprentissage en situation, se traduisant par un accompagnement personnalisé du collaborateur pour lui permettre de mettre en pratique facilement ce qu'il a appris. J'en suis persuadé, dans ce cadre, la formation est de meilleure qualit頻, insiste Éric Jacquemet. Bilan : 60 % des postes d'encadrements sont occupés par la promotion interne.32 % de salariéesÉric Jacquemet parie sur la diversité sous toutes ses coutures. Il recrute dans les « quartiers » et, pour aider les salariés les plus fragiles, il a mis en place, depuis trois ans avec les représentants du personnel, des coordinateurs sociaux chargés d'identifier les difficultés qu'ils rencontrent et trouver des solutions. « Je suis un fervent défenseur de la diversité car elle rend l'entreprise plus créative et adaptable. La présence des anciens est un facteur de stabilité des équipes et de capitalisation du savoir », souligne le patron de TNT Express France. Et dans ce secteur réputé « macho », 32 % des salariées sont des femmes. Mieux, trois sont membres du comité de direction aux côtés de cinq hommes.Chez TNT, le social et l'économique ne sont pas antinomiques. « Une nécessité dans une entreprise de service », insiste le PDG. Un baromètre social, réalisé par un cabinet indépendant, montre que le taux de satisfaction des salariés est passé de 80 % à 86 % en trois ans. Une coquetterie pour l'entreprise ? La troisième étude 2009 Plimsoll du marché français des coursiers et messageries place TNT Express France au premier rang du secteur pour le bénéfice courant avant impôt. Pascal Junghanscarrière

latribune.fr

12 Oct 2009, 1:39

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