Changes : la guerre oui, mais pas nucléaire

Pas plus à Washington dans une atmosphère de guerre des monnaies entre pays industrialisés et émergents, accusés de manipuler leurs monnaies, qu'à Copenhague sur l'enjeu des dérèglements climatiques l'an dernier, les «?grands?» de ce monde n'ont réussi à dégager un consensus.Le FMI va bien tenter d'ici au sommet du G20 de novembre de dessiner des pistes pour que s'instaure un nouvel ordre monétaire international plus respectueux des grands équilibres mondiaux. Mais s'il n'y pas eu d'avancées majeures le week-end dernier, c'est aussi parce que la situation pourrait bien avoir été surdramatisée. Pour parodier Christine Lagarde qui s'exprimait dans les coulisses de l'assemblée du FMI, il y a moins de «?libido et de testostérone?» qu'il n'y paraît dans l'apparente bataille rangée que se livrent les grands pays sur leurs monnaies. Certes, il y a une volonté partagée d'avoir la monnaie la plus faible possible pour en tirer les dividendes supposés sur la croissance et la compétitivité. Volonté incompatible avec le fonctionnement du marché des changes où la faiblesse d'une monnaie a pour corollaire la vigueur d'une autre. Et pour y parvenir, bon nombre de pays émergents, voire «?émergés?» interviennent massivement sur le marché des changes. Mais sauf à disposer du pouvoir de manipuler sa monnaie parce qu'elle n'est pas convertible, le succès est rarement au rendez-vous. Ni la Corée du sud, ni le Brésil, ni l'Afrique du sud ne parviennent à dissuader les capitaux flottants de venir s'investir sur leur won, real ou rand. Le fiasco des interventions de la Banque nationale suisse est encore plus cuisant?: elle n'a pas empêché son franc de pulvériser une longue série de records face à l'euro et au dollar. Et tout récemment la Banque du Japon a carrément fait chou blanc?: en dépit d'une intervention de 25?milliards de dollars en une seule séance, elle ne parvient pas à prévenir la montée du yen à des points hauts de quinze ans face au billet vert, à 81,40 au plus haut lundi.Même la Chine dont la sous-évaluation de la monnaie est au coeur des débats fait, sans le claironner, d'authentiques concessions?: lundi elle a laissé le yuan atteindre un nouveau point haut de dix-sept ans face au dollar, à 6,6640, ce qui correspond à une revalorisation de plus de 2?% depuis début septembre.Du côté des grandes monnaies, le dollar et la livre sterling s'affaiblissent à vitesse accélérée sous la menace d'une remise en marche de la planche à billets qui lamine la valeur des monnaies qu'elle imprime. Mais on ne peut que constater que, parvenu à 1,40 dollar, l'euro est encore éloigné de 14?% de son plancher historique touché à plus de 1,60 le 15 juillet 2008. Quant à la livre, qui a cédé 8?% de sa valeur face à l'euro depuis la fin de l'été pour se négocier autour de 0,88, elle reste à bonne distance de la parité avec l'euro qu'elle était venue tutoyer en décembre 2008.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.