Le grand bluff des banques françaises

Les marchés s'inquiétaient des conséquences de Bâle III sur le secteur bancaire français, les voilà rassurés. Ces dix derniers jours, à l'occasion de la publication de leurs résultats trimestriels, les banques hexagonales ont toutes juré qu'elles afficheront en 2013 un ratio de fonds propres durs («core Tier One») supérieur à 7 %, le futur plancher réglementaire. Et cela, sans procéder à une augmentation de capital. Frédéric Oudea, le PDG de la Société Généralecute; Générale, a même promis que sa maison afficherait un chiffre de 8,5 % fin 2013. Pourtant, à entendre les déclarations des dirigeants des grandes banques ces derniers mois, on pouvait craindre le pire. En juin dernier, le grand lobby financier international, l'Institute of International Finance (IIF), alors présidé par l'ancien patron de HSBC Stephen Green, estimait que le durcissement de la réglementation coûterait 700 milliards de dollars de fonds propres supplémentaires au secteur bancaire mondial. « le lobby bancaire »Dans les semaines suivantes, les sages de Bâle avaient accepté de lâcher du lest, notamment sur le calendrier d'application. Pourtant, l'inquiétude demeurait. Le 7 septembre, sur les ondes de BFM Radio, le président de BNP Paribas, Michel Pébereau, déclarait : « Arriver jusqu'à 10 % de fonds propres par rapport aux actifs moyens pondérés représenterait pour les banques françaises la levée de 150 milliards d'euros de capital supplémentaire. » Depuis, rien ne s'est produit. Ailleurs en Europe, des établissements ont bien décidé de faire appel aux marchés, comme BBVA, Deutsche Bank et Standard Chartered, mais pas en France. La version actuelle de Bâle III impose pourtant un niveau de fonds propres proche de celui craint par Michel Pébereau. En effet, les banques devront afficher un « core Tier One » minimum de 7 %. Sachant que, comme l'avait rappelé le directeur général de BNP Paribas, Baudouin Prot, en septembre, un 7 % sous Bâle III équivaut à un 10 % sous Bâle II, la nouvelle définition du capital étant plus stricte que l'ancienne. Alors, les banques auraient-elles crié au loup à tort ? Selon Christophe Nijdam, analyste chez Alpha Value, « le lobby bancaire a encore démontré sa capacité d'influence, mais aussi ses excès dans les annonces qu'il a pu faire ces derniers mois. »
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