Le cuivre bat à son tour son record historique

Les matières premières énergétiques et agricoles ont eu beau s'envoler ces dernières semaines, elles restent encore loin de leurs plus-hauts historiques. Mais les métaux racontent une toute autre histoire : celle d'une demande qui s'emballe, de capacités de production qui peinent à suivre, d'acheteurs dépités devant des cours stratosphériques. Le cas du cuivre, premier métal de base échangé dans le monde en volume, est emblématique : il a franchi hier matin son plus-haut historique, atteignant 8.966 dollars, entrant dans des terres désertées depuis mi-2008, la dernière bulle des matières premières. Un envol motivé par les dernières statistiques chinoises faisant état d'une production industrielle en progression (+ 13,1 % au mois d'octobre), mais aussi d'un recul impressionant des réserves de cuivre disponible. Les entrepôts du London Metal Exchange, la principale place d'échange du métal rouge, se sont vidés à grande vitesse cette année. En Asie, aux états-Unis ou en Europe, ils ont tous été pris d'assaut: leur niveau est passé d'un plus-haut depuis 7 ans, soit 555.000 tonnes en février, à 362.950 tonnes cette semaine. Un recul d'un tiers qui témoigne à la fois d'une certaine frénésie du bâtiment et des infrastructures électriques, et de l'intérêt renouvelé des investisseurs pour le métal.Possible déstabilisationLe cuivre n'aura pas échappé au radar des fonds à la recherche de refuges; comme l'or, il représente un double rempart contre la dévalorisation du dollar et des autres monnaies et contre l'inflation. Les fonds adossés sur le cuivre, les « Exchange Traded Funds », ont accumulé du cuivre ces derniers mois, déguisant le métal rouge en une alternative crédible au lingot. Prenant la suite d'ETF Securities et de JP Morgan, le géant de la gestion BlackRock, qui arbitre 3.500 milliards de dollars d'encours, vient de lancer un nouvel ETF sur le cuivre. Un gadget supplémentaire pour investisseur, à fort impact sur l'économie réelle. Les 121.200 tonnes de cuivre que ce nouveau fonds risque de capter représentent un tiers des stocks du London Metal Exchange à eux seuls. La création d'un seul fonds est donc de nature à déséquilibrer le marché; en face, l'offre reste, pour le moins, peu élastique. L'exploitation de nouveaux filons de cuivre ne peut se mettre en place que sur plusieurs années, et nécessite des investissements très lourds. Un contexte qui laisse tout loisir aux producteurs pour redresser les prix qu'ils proposent à leurs clients dans le cadre de contrats de long terme. Le numéro un mondial du cuivre, le chilien Codelco, vient de relever de 32 % ses prix de vente pour la Corée du Sud en 2011. Selon Bank of America-Merrill Lynch, le cuivre pourrait grimper jusqu'à 11.250 dollars par tonne l'année prochaine. Le métal du diable a en effet battu son record historique alors que les économies de l'OCDE restent convalescentes. Leur éventuelle accélération risquerait d'enflammer ses cours.
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