Le pétrole cher contente les producteurs de l'Opep

A Vienne, mercredi prochain, c'est l'aspect souffreteux de la demande de pétrole qui risque de monopoliser le débat des ténors de l'Opep. Sur le marché physique, la frénésie n'est plus qu'un lointain souvenir. Sur les mers, les tankers chargés de pétrole ralentissent les cadences pour économiser du combustible. L'Arabie Saoudite a réduit cette semaine ses prix de vente de brut vers l'Asie, à un plus-bas sur quatorze mois, alors même que l'Asie est la seule région à connaître une progression continue de sa consommation d'hydrocarbures. Conjoncture paradoxaleLe pétrole russe n'en mène pas large non plus : la qualité Oural présente la plus forte décote par rapport au brent depuis 18 mois, et s'échange à près de 3 dollars de moins que le brut de la mer du Nord. Le lancement, le 28 décembre dernier, du nouveau pipe-line ESPO (East Siberia-Pacific Ocean), qui autorise le transfert de larges quantités de brut vers l'Asie, semble influencer cette conjoncture paradoxale. Car sur le marché à terme, le pétrole caracole. Le brut américain WTI a touché cette semaine les 83 dollars, et cotait 82,57 dollars hier.Des quotas peu respectés en 2010Tout va donc pour le mieux pour les pays producteurs de pétrole, qui ont augmenté leur production depuis le début de l'année. Selon l'Agence Internationale de l'Energie, qui a publié hier son rapport mensuel, les quotas adoptés fin 2008 ne sont plus que partiellement respectés par les pays engagés dans la restriction de leur production. Pourtant, l'Opep n'anticipe qu'une hausse de 1,1 % de la consommation de pétrole cette année, là ou l'AIE voie la planète brûler 1,8 % de brut de plus en 2010. Malgré la faiblesse de la demande, les pays producteurs ne devraient pas modifier leur niveau de production lors de leur réunion de la semaine prochaine, tant les prix actuels les satisfont. Ils devraient, en revanche, une fois de plus, appeler les contrevenants (l'Angola, le Nigeria et l'Iran notamment) à mieux respecter leurs niveaux de production, et ce pour la quatrième fois consécutive lors d'un sommet de l'Opep.Le boycott menace l'IranLes exportations de pétrole iranien pourraient de facto être pénalisées par les premiers signes de boycott amorcés par certaines compagnies pétrolières. BP, Shell, mais aussi des traders comme Glencore, Trafigura et Cargill ont déclaré qu'ils ne livreraient plus d'essence au pays, gros importateur d'essence en raison de ses faibles capacités de raffinage. Or « l'étape suivante logique serait de boycotter le pétrole iranien » assure un spécialiste. Avis à Total, qui y produisait 9 000 de barils par jour en 2008.
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