Le superordinateur d'IBM défie les champions du jeu télévisé Jeopardy

Chez IBM, on aime les défis médiatiques. Quatorze ans après la victoire du superordinateur Deep Blue contre le champion du monde d'échecs Garry Kasparov, le géant américain de l'informatique renouvelle l'expérience. Cette fois, la bête s'appelle Watson (du nom du fondateur d'IBM en 1911) et ambitionne de concurrencer les champions de la culture générale. À partir de ce soir, il sera opposé aux deux plus grands champions du jeu télévisé Jeopardy : Ken Jennings (74 matchs remportés d'affilés) et Brad Rutter (plusieurs victoires et trois tournois remportés). Ce jeu n'a pas d'équivalent en France : à partir d'une réponse, trois concurrents doivent trouver la question correspondante. Si Watson gagne, IBM s'est engagé à reverser les gains (1 million de dollars) à une association caritative.Watson a été développé au cours de ces quatre dernières années par une équipe de 25 scientifiques d'IBM Research ayant entrepris de relever un grand défi : construire un système informatique qui rivalise avec la capacité humaine à répondre à des questions posées dans un langage naturel. « Le défi pour nos supercalculateurs n'est plus de répondre à des questions factuelles mais de parvenir à analyser le sens subtil des mots, l'ironie, les devinettes... qui sont nombreuses dans les questions posées aux candidats. On est loin de Deep Blue qui calculait un nombre fini de possibilités dans le jeu d'échecs », explique Alain Bénichou, président d'IBM France. Le premier défi a été d'alimenter la mémoire de Watson car, pour la compétition, la machine n'a pas accès à Internet. Doté d'une mémoire d'éléphant de 15 teraoctets (15.000 Go), le superordinateur a ingurgité une base de données (encyclopédies, dictionnaires, romans...) de 200 millions de pages soit 1 million de livres. Pour interroger cette base, il est doté de 2.880 coeurs de processeurs qui atteignent la vitesse de calcul de 80.000 milliards d'opérations par seconde (80 teraflops). Une fois l'énigme posée, Watson dispose de trois secondes pour répondre. Les chercheurs d'IBM ont poussé le réalisme jusqu'à lui faire actionner le buzzer et lire sa réponse par synthèse vocale... Débouchés scientifiquesAvant de se confronter aux deux meilleurs joueurs mondiaux, Watson a déjà effectué plus de 55 sessions de tests contre d'anciens participants au jeu télévisé. Comme pour un être humain, cet entraînement intensif lui a permis d'apprendre de ses erreurs : en trébuchant sur des énigmes compliquées liées à des subtilités du langage, l'ordinateur a affiné ses algorithmes d'analyse contextuel. « IBM investit 6 milliards de dollars en R&D chaque année pour développer des technologies de pointe. C'est l'une des rares entreprises à mobiliser 3.000 scientifiques pour la recherche fondamentale », rappelle Alain Bénichou. Cette machine capable de trouver des réponses pertinentes dans une vaste masse de données devrait avoir des applications dans de nombreux domaines du savoir, y compris dans la médecine pour l'aide décisionnelle au diagnostic.
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