Noire lumière

Le rebond de 5,2 % du CAC 40 lors des trois dernières séances s'apparente pour beaucoup de gérants à un simple sursis... Pour les Cassandres la chose est entendue : aucun espoir de hausse pérenne tant que l'euro n'aura pas touché le fond. Les investisseurs internationaux attendront une vraie stabilisation de la parité de la monnaie des Seize face au dollar pour revenir faire leurs emplettes. D'ici là ils gardent l'oeil rivé sur l'écartement des rendements des emprunts d'Etat des pays faibles comme l'Espagne et le Portugal et celui affiché par le Bund allemand. Les rangs des pessimistes sont renforcés par ceux qui relèvent que la visibilité des entreprises s'obscurcit à nouveau. Itou pour le nouvel accès de défiance des banques qui préfèrent la maigre rémunération du guichet de la BCE plutôt que de prêter à leur pairs sur le marché interbancaire, pourtant plus rémunérateur. On ajoutera enfin les craintes d'un retour à une crise de la dette des entreprises qui cette fois se conjuguerait à celle de l'endettement des Etats européens. Tout cela sur fond de reprise chaotique aux Etats-Unis, comme le montre la dernière statistique des ventes de détail de mai. Mais ce tableau noir ne cache-t-il pas simplement l'hyperémotivité des acteurs du marché ne sachant plus vraiment à quel saint se vouer ? Car les facteur d'optimisme ne sauraient être totalement niés ! Au-delà des ratios de valorisation qui présentent d'ores et déjà les traits d'un marché attractif (croissance des résultats, faibles multiples de capitalisation des profits, rendements des actions historiquement élevés au regard de celui des emprunts d'Etat...), François Chevallier le stratège de Banque Leonardo distingue déjà les signes de capitulation des vendeurs : « La poursuite de la reprise au-delà de la reconstitution des stocks, grâce à la remontée de l'emploi, et le renforcement de la discipline budgétaire au sein de l'Union européenne (...) devraient amener les baissiers à capituler au moins provisoirement » annonce-t-il en attendant avec confiance la prochaine saison des résultats. Le marché a fait peu de cas des derniers résultats trimestriels en Europe, éclipsés par la crise grecque. Ils ont pourtant déjà révélé une forte majorité de bonnes surprises, notamment du côte de la croissance des ventes. Celles-ci profitent d'une croissance mondiale vigoureuse de près de 4 % en 2010. Quant à la baisse de l'euro, outre les conséquences heureuses pour les exportations du Vieux Continent, nul doute qu'elle aiguisera l'appétit des Américains pour la prise de contrôle des sociétés européennes.Christophe Tricaud

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