Comment une start-up de Montpellier espère révolutionner la production de biocarburant

Cette bactérie pourrait être l’avenir du biocarburant. Deinococcus radiodurans, de son petit nom latin, possède des vertus étonnantes. Parmi elles : la capacité de transformer des matières organiques en alcool… et ainsi de participer à l’élaboration d\'un biocarburant. C’est ce qu’a découvert une entreprise dont le siège se trouve à Montpellier. Deinove, spécialisée dans la recherche et l’innovation annonce ce jeudi être parvenue à produire une petite quantité de bioéthanol grâce à cette bactérie. Une “première mondiale“ qui pourrait marquer une avancée dans les recherches visant à produire d’un biocarburant moins coûteux et moins énergivore.La déinocoque, qu’est-ce que c’est ? Deinococcus radiodurans a été découverte en 1956 par des chercheurs de l’armée américaine. Après avoir tenté de stériliser des boîtes de corned-beef en les irradiant, ces scientifiques ont découvert une bactérie ultra-résistante à laquelle ils ont attribué ce nom. Parmi leurs multiples propriétés, elles peuvent “digérer“ la biomasse.Pour en savoir plus : regardez cette vidéo explicative, présente sur le site internet de Deinove, qui a déposé en 2009 des brevets visant à utiliser ces propriétés. Comment cette bactérie permet-elle de réduire les coûts de production de bioéthanol ?Actuellement, le procédé le plus courant de production de bioéthanol consiste à dégrader, des végétaux, du blé par exemple, grâce à des enzymes. Des levures sont également utilisées. Et le processus exige de chauffer puis de refroidir les solutions obtenues. “Sur de gros volumes, c’est très coûteux en énergie“, note Jacques Biton, le directeur général de Deinove. Avec ce nouveau procédé, il n’y a pas besoin de rajouter des enzymes, et certaines étapes de refroidissement ne sont pas nécessaires. De quoi économiser de l’énergie donc. D’autre part, ce procédé testé sur le blé, utilise également le son de blé (l’enveloppe). Celle-ci est pour l’instant rejetée par les industriels, ce qui correspond à une perte de matière première évaluée à 20%.En quoi s’agit-il d’un premier pas vers la production d’un bioéthanol plus “vert“ ?Ce procédé s’inscrit dans les recherches sur le bioéthanol de deuxième génération. Celui-ci consiste à utiliser des plantes entières, des cultures dédiées, de la sylviculture ou des déchets pour produire de l’éthanol. Les biocarburants de première génération, actuellement utilisés partent des céréales et des cultures sucrières. Ils sont accusés de faire flamber les cours des denrées alimentaires. D’ailleurs, dans un contexte de forte hausse du cours des céréales, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll a annoncé une “pause“ dans leur développement ce mercredi.Quand un bioéthanol de deuxième génération pourra-t-il être obtenu?“Pas avant les cinq ou dix prochaines années“, prévient Jacques Biton. Pour l’instant, son développement n’est pas encore jugé rentable. Quant à cette start-up de Montpellier, elle s’est alliée avec Tereos, un groupe agro-alimentaire spécialisé dans production de bioéthanol, pour développer l’application industrielle de ce procédé. Pour l’heure, les résultats annoncés par cette start-up portent sur une petite quantité : la solution obtenue ne contient que 3% d’éthanol. “Peut-être un jour pourra-t-on utiliser également la paille. On n’y est pas encore“, précise Jacques Biton. L’entreprise espère en outre produire plusieurs centaines de litres de bioéthanol d’ici à 2013. En  2009, Deinove misait sur une production annuelle de 300.000 tonnes et un chiffre d\'affaires de 100 millions d\'euros d\'ici à 2020. 
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