Un président "normal" pour une conférence de presse "normale"

Finalement, la conférence de presse présidentielle tient de l\'exercice de style des plus classiques. Le président cherche toujours à montrer la logique et la rigueur de sa politique. Il indique qu\'il maintient un cap et qu\'il est responsable de l\'unité du pays. A l\'arrivée, ses sympathisants ont trouvé le président en place \"rassembleur et convaincant\". Alors que ses détracteurs continuent d\'affirmer que ce \"ne sont que des mots\" et que le locataire de l\'Elysée \"n\'a pas pris la mesure des défis lancés au pays\". Parions que la prestation de François Hollande n\'échappera pas à ce type de commentaires très clivés...Comme il est indéniable que l\'intervention présidentielle ne dénote pas vraiment de celles livrées par ses prédécesseurs depuis le début de la cinquième République. Certes, chacun des présidents à son style... Mais sur le fond, rien de nouveau. En difficulté dans les sondages, François Hollande a voulu démontrer qu\'il était un capitaine à la barre du navire France et que son action depuis six mois était coordonnée. Premier temps, dans les premières semaines suivant son élections, le président assure avoir pris toutes les mesures qu\'ils étaient possible de rapidement arrêter par décret: retour partiel de la retraite à 60 ans, hausse du Smic (en réalité une simple avance), diminution des rémunérations des ministres et du président de 30%, etc. Puis est venu le temps de la préparation des mesures pour le redressement des comptes, avec cet objectif maintes fois répété de parvenir à la fin 2013 à un déficit limité à 3% du PIB.60 milliards de coupes dans les dépenses publiques sur cinq ansSur ce point, François Hollande assume tout : les 20 milliards de prélèvement supplémentaires (10 milliards sur les entreprises, 10 milliards sur les ménages), les 10 milliards d\'économie sur les dépenses publiques. Il en a même rajouté en annonçant que d\'ici à la fin du quinquennat, c\'est un total de 60 milliards d\'euros qui devront être économisés sur ces dépenses publiques, soit 12 milliards par an. Et de préciser que ces économies concerneront le fonctionnement de l\'Etat, la Sécurité sociale mais aussi les collectivités locales... Une prochaine réforme territoriale s\'annonce donc. Pour autant, le professeur Hollande estime qu\'il a agit avec un souci de \"justice\" pour épargner les plus faibles en reconnaissant que 80% de l\'effort pèse sur les 20% les plus aisés (taux marginal à 75% sur l\'IRPP, nouvelle tranche à 45% pour les revenus supérieurs à 45%, retour de l\'ISF, etc.). Mais, pour lui, ce n\'est \"pas une spoliation que de demander la solidarité\". Et semblant tendre la main aux entrepreneurs, il a assuré ne vouloir \"monter aucun groupe contre un autre\"...Un crédit d\'impôt sans contrepartieD\'ailleurs, à destination de ses même entrepreneurs, il a assuré que le crédit d\'impôt de 20 milliards, principale mesure du pacte de productivité décidé la semaine dernière, serait accordé \"sans aucune contrepartie\", à part la présence d\'un représentant des salariés dans les conseils d\'administration des grandes entreprises. De quoi \"rassurer\" les organisations patronales qui craignaient des contreparties en termes d\'embauches par exemple. Sur les taux de TVA, François Hollande dit aussi \"assumer\". Il réfute toute idée de \"tournant\" par rapport à ses engagements. Certes, le taux de TVA normal de 19,6% augmentera de 0,4 point. Mais seulement en 2014 pour, dit-il, ne pas pénaliser davantage les Français qui vont connaître une année 2013 difficile. Il ne s\'est pas gêné non plus de rappeler -c\'est de bonne guerre- que la précédente majorité avait prévu de porter le taux de TVA à 21,2% (soit un prélèvement de 13 milliards d\'euros) dès le 1er octobre 2013...Bref, un président qui assume et qui dit encaisser le fait de connaître une popularité en berne. Ce qu\'il souhaite, à terme, c\'est d\'être jugé sur l\'emploi. Il continue de penser que la courbe du chômage atteindra un plafond à la fin de l\'année prochaine avant de baisser. Sur ce point, se voulant encore une fois rassembleur, François Hollande, a \"appelé\" toutes les organisations syndicales et patronales à trouver un \"compromis historique\" en parvenant à conclure l\'accord sur la sécurisation des parcours professionnels qui doit permettre de simplifier le droit du travail pour les entreprises tout en accordant de la sécurité aux salariés.Du grand classique en somme, peu de grandes annonces. Mais une opération de recadrage, un discours de méthode, l\'affirmation d\'un cap... François Hollande n\'a pas dérogé à l\'attitude adoptée par ses six prédécesseurs à l\'Elysée depuis le début de la Ve République. Un Président normal pour une conférence de presse normale, donc.  
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