La France, modérée dans la reprise comme dans la crise

Au-delà de la légère déception que suscite ce « petit » 0,3 % de croissance au troisième trimestre, loin du + 0,6 % attendu par les économistes, cette performance de l'économie française est riche d'enseignements. Premièrement, en affichant un tel niveau d'activité, identique à celui observé au deuxième trimestre, la France ne peut pas encore se déclarer en phase de reprise économique. Christine Lagarde a beau se déclarer « contente », il est encore préférable ? et prudent ? d'évoquer le terme de rebond technique.Le second enseignement est le suivant : moins dépendante du commerce mondial que l'Allemagne, la France a certes moins souffert que son voisin pendant la crise, son principal partenaire commercial. Mais elle devrait en sortir plus lentement. Une hypothèse que valident les dernières statistiques macroéconomiques. Ainsi, quand le PIB français reculait de 1,4 % au premier trimestre, celui de l'Allemagne chutait lourdement (? 3,5 %). Depuis le deuxième trimestre, l'activité outre-Rhin est supérieure à celle observée dans l'Hexagone. Après avoir augmenté de 0,4 % entre avril et juin, contre + 0,3 % en France, le PIB allemand a bondi de 0,7 % au troisième trimestre. Même s'il est encore trop tôt pour jalouser les performances de notre voisin, ce pourrait bien être bientôt le cas lorsque la reprise mondiale s'avérera solide. En France, si les stabilisateurs automatiques, comme les dépenses sociales, jouent un rôle d'amortisseur en période de gros temps, ils ne jouent pas celui d'accélérateur lorsque la reprise pointe timidement son nez.modèle remis en causeAutre enseignement, les 25,2 milliards d'euros injectés dans l'économie dans le cadre du plan de relance tardent à se faire sentir sur le plan statistique, l'investissement des administrations publiques ayant reculé de 0,9 % sur la période.Enfin, ce chiffre pourrait remettre en cause le modèle de croissance de l'économie française fondé depuis le début des années 2000 sur une consommation des ménages solide et sur des contributions à l'activité rarement positives du commerce extérieur et de l'investissement. Inquiets quant à la montée du chômage, en hausse constante depuis 2008, la boulimie consommatrice des Français cède la place à un comportement de fourmis, qui se traduit par une augmentation de 0,7 point du taux d'épargne, à 16,6 % au deuxième trimestre. La fin des destructions de postes constitue en ce sens une excellente nouvelle. En revanche, si l'investissement reste au fond du trou (? 0,7 %), les exportations progressent pour le deuxième mois consécutif, permettant au commerce extérieur de contribuer positivement à la croissance, à hauteur de 0,4 point de PIB. Par quel miracle ? « Grâce aux exportations d'automobiles », explique-t-on à l'Insee, dopées provisoirement par les primes à la casse intégrées aux plans de relance de nos voisins européens.
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