Le coup d'éclat de l'agroalimentaire

Rarement un conseil d'administration de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) aura été attendu avec autant d'intérêt. La fédération dirigée par Jean-René Buisson, en annonçant qu'elle examinerait, jeudi 17 décembre, la question du maintien ou non de son adhésion au Medef, a créé la surprise dans un monde patronal habituellement feutré. Et fragilisé Laurence Parisot, à six mois du renouvellement de son mandat à la tête du Medef.préoccupations financièresOfficiellement, l'inscription de cette question à l'ordre du jour de la réunion de jeudi est dictée par des préoccupations financières. « Notre cotisation au Medef représente 600.000 euros. Sur un budget de 4 millions d'euros pour l'Ania, c'est beaucoup d'argent : 15 % du total ! » souligne Jean-René Buisson, le président de la fédération. Mais c'est aussi le service rendu par le Medef à l'Ania qui est mis en question : « Nos adhérents sont des PME à 92 %. Elles ont une vision du Medef comme une structure parisienne technocratique qui ne s'intéresse qu'aux grandes causes sociétales et pas assez à leurs petits problèmes quotidiens », reprend Jean-René Buisson. Enfin, les patrons de l'agroalimentaire reprochent à l'avenue Bosquet de prendre trop souvent le parti de la grande distribution (représentée par la Fédération du commerce et de la distribution) dans les litiges qui opposent industriels et enseignes.Mais ces facteurs ne suffisent pas à expliquer l'actuel bras de fer engagé par l'Ania. « Le combat entre l'agroalimentaire et le commerce n'est pas nouveau. La principale raison est ailleurs », souligne un baron du Medef. Dans les milieux patronaux, nombreux sont ceux qui y voient une mesure de rétorsion de Franck Riboud, le patron de Danone, à l'égard de Laurence Parisot. Il n'aurait guère apprécié les modalités du code Afep-Medef encadrant la rémunération des dirigeants. Un code rédigé sous la pression du gouvernement à cause des scandales touchant aux rémunérations et à-côtés salariaux de certains dirigeants d'entreprise. En faisant part de sa déception à l'égard du mode de fonctionnement personnel de Laurence Parisot, Jean-René Buisson, qui l'avait pourtant personnellement soutenue en 2005 et dirige la commission protection sociale du Medef, a aussi favorisé l'irruption du débat sur la place publique. Agnès Laurent et Sophie LécluseNos adhérents sont des PME à 92 %. Elles voient le Medef comme une structure parisienne et technocratique. »
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