Les acheteurs en pointe pour améliorer le BFR

La LME (loi de modernisation de l'économie du 4 août 2008) oblige les entreprises à payer leurs fournisseurs à 45 jours fin de mois ou à 60 jours à la date d'émission de la facture. Ces dispositions visent à améliorer la trésorerie des PME-TPE et leurs besoins en fonds de roulement (BFR). Mais qu'en est-il vraiment ? « Globalement, les grandes entreprises ont respecté cette obligation », estime Adil Lahlou, directeur de Hackett-REL TWC, société spécialisée en gestion de fonds de roulement qui a mené une étude auprès de 120 entreprises françaises ayant un chiffre d'affaires supérieur à 350 millions d'euros.Pour Adil Lahlou, les effets de la loi ont toutefois été atténués par les dérogations convenues dans de nombreux secteurs comme l'automobile ou la construction. Ces accords ne toucheraient qu'une entreprise sur quatre, tempère une étude menée par Euler Hermes SFAC, le spécialiste de l'assurance-crédit. Les réponses fournies par les 850 entreprises interrogées montrent que l'impact de la LME varie selon la taille des entreprises et le secteur d'activité. Le BTP faisant figure de grand perdant. Deux raisons dominent : les clients qui payaient autrefois au comptant règlent désormais plus tardivement. Tandis que les donneurs d'ordres du secteur public continuent à payer avec des délais de 90 jours et plus car ils ne sont pas concernés par la LME. la fonte des stocksAutre effet néfaste pour la trésorerie des fournisseurs, la généralisation des stocks consignés (produits stockés chez le client mais facturés seulement lorsqu'ils sont vendus). Cette pratique initiée par le secteur de la grande distribution se généralise dans l'industrie et notamment dans l'agroalimentaire. Autre méthode de contournement, certaines entreprises confèrent à leurs filiales étrangères le soin de procéder aux achats. Quand elles ne délocalisent pas leur entrepôt hors de l'Hexagone. Autant de pratiques qui contribuent à dégrader la trésorerie des PME.« Une entreprise sur cinq a vu sa trésorerie améliorée alors qu'une sur quatre a subi un effet négatif », résume Karine Berger, la directrice des études économiques d'Euler Hermes SFAC. Pour se sortir de cette ornière, les entreprises ont donc réduit leurs BFR en diminuant drastiquement leurs stocks. Cette pratique, qui réclame une meilleure planification des besoins des clients, impose de travailler en juste-à-temps. Pour réussir ce tournant, les acheteurs doivent revoir leur panel de fournisseurs en se basant non plus seulement sur des critères de prix mais aussi sur leur capacité à offrir une qualité et des délais d'approvisionnements performants. Cette nouvelle approche nécessite de dialoguer avec ses clients et ses fournisseurs pour qu'aucune des parties ne se trouve sous tension. En agissant sur ces différents leviers, les entreprises devraient éviter le recours à l'affacturage. Un mode de financement qui coûte très cher sans pour autant soigner les causes. À savoir, une sous-capitalisation ou une mauvaise gestion du BFR.Eliane Kan
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.