Carnet de bord décalé de Fabio Marquetty et Gaël Vautrin

STRONG>Lundi. Geyser boursierAssaillie depuis quinze jours, l'Europe qui s'était jusqu'ici évertuée à combattre des pachydermes avec des tapettes à mouches, sort la grosse artillerie. La DCA change de calibre avec un plan de sauvetage de 750 milliards d'euros. Attention, ça ne rigole plus ! Particulièrement dans les rangs des spéculateurs qui se retrouvent collés avec leurs positions vendeuses sur la dette des « maillons faibles » européens. Un bain de sang ... A l'inverse du bain de jouvence pour les actions. Le terme est en réalité faible. Les indices affichent des records de hausse. De vrais geysers boursiers. Le CAC 40 s'envole de 9,66 %. Du jamais vu depuis novembre mais surtout octobre 2008. Le 13 précisément, avec une hausse historique de 11,18 %. Lorsque l'Europe adoptait, cette fois, un plan de sauvetage de 1.700 milliards pour sauver les banques européennes d'une faillite certaine. Même dépression, même anxiolytique, même réaction excessive. Un remake de l'automne post-Lehman qui ne doit pas faire oublier que les marchés ont, en fait, touché leur plus bas cinq mois plus tard en mars 2009. Mardi. Une vérité qui dérangeRavaler sa salive, serrer les points, attendre que la colère passe ... Faut s'y faire : l'Europe a donné raison aux « vilains » spéculateurs. L'Union Européenne va resserrer les boulons budgétaires. Ça ne pouvait plus durer. La croissance ? ou plus récemment la relance - ne peut plus se faire sur l'autel de l'endettement. C'est dur de se faire donner des leçons de morale par ceux qui n'en ont pas et ont parié ces derniers temps sur la faillite du système européen. Le plus dur, c'est que la morale de cette fable nous est donnée aujourd'hui par un autre acteur particulièrement décrié ces derniers temps : une agence de notation, véritable chien truffier durant la crise qui guidait les spéculateurs vers les déficits nauséabonds et les dettes pourries. Moody's y va de son commentaire sur le plan sauvetage avec une dose d'autosatisfaction non dissimulée : « la crise de confiance des marchés a mis fin au débat sur l'opportunité pour les gouvernements européens de continuer à mener une politique de relance budgétaire ». C'est dur à avaler. Surtout vu les points de croissance que cela va coûter...Mercredi. Il est l'or... MonseignorComme Don Salluste dans la Folie des Grandeurs, le marché n'a d'yeux que pour l'or. Réduit au rang de relique barbare par John Meynard Keynes au début du siècle dernier, le métal jaune rassure. Les doutes sur la capacité du Vieux Continent à s'extirper des âffres de la crise grecque sans entraver la croissance économique sont trop lourds à supporter. Les opérateurs ont la main lourde sur le lingot. On les croirait presque devenus joaillers. Une semaine plus tôt, SPDR, le plus gros fonds d'investissement ETF mondial avait déjà acquis 630.000 onces d'or, soit l'équivalent de la production annuelle d'une mine de taille significative. D'heure en heure, les cours du précieux métal enchaînent les records historiques et ne sont désormais plus qu'à quelques encablures des 1250 dollars l'once. Cela commence à faire cher les 30 grammes. Mais tel est le prix à payer pour trouver refuge dans un abri suffisamment solide pour résister à l'avalanche de prises de bénéfices sur les marchés boursiers.Jeudi. Association de mauvais informateursCroire que Goldman Sachs allait être la seule mouillée, c'était un peu comme adhérer à la thèse du tireur isolé pour l'assassinat de JFK. Désormais neuf banques sont visées par une enquête pour déterminer si elles ont trompé leurs clients dans le cadre d'investissements sur des obligations adossées à des créances (CDO). Le Crédit Agricolegricole (qui ne l'est plus trop) fait parti des prestigieux établissements visés. Après la SG et Kerviel, les banques françaises commencent à avoir une vraie notoriété internationale ! Passons. Ce qui ressort de cette affaire c'est que les méchants d'hier sont désormais les gentils d'aujourd'hui. Les agences de notations (toujours elles), encore passées à tabac médiatiquement la semaine dernière en Europe, auraient été en vérité dupées par les banques dans l'affaire des CDO. Elles n'auraient en définitive fait que leur boulot : analyser et noter ce que les banques voulaient bien leur donner, à savoir des informations erronées. Autant dire qu'avec la volonté de certaines autorités de mettre en place des agences de notations publiques, le pire est à craindre !Vendredi. Avion à réactionLes fins de semaine se suivent et se ressemblent à la Bourse de Paris. Pour le deuxième vendredi consécutif, le CAC 40 clôture la séance sur un repli de 4,6%. Les craintes portent toujours sur le piètre état des finances publiques en Europe. Evoquant des risques budgétaires accrus, le FMI entretient la psychose ambiante. Pendant ce temps-là, les cambistes boudent assez logiquement la monnaie unique qui vaut désormais moins de 1,24 dollar. Une parité de change idéale pour EADS, seul action du CAC 40 autorisée à décoller de 5,05% malgré brouillard. Qu'importe les 39% de recul du bénéfice net trimestriel du groupe d'aéronautique, tant que son patron Louis Gallois garantit aux investisseurs de tirer profit d'un euro faible. Et pour cause. Le 9 mars dernier, le dirigeant tablait sur un résultat opérationnel annuel voisin d'un milliard d'euros dans l'hypothèse d'un euro à 1,4 dollar. Quitte à s'intéresser aux valeurs européennes, autant miser sur la plus américaine d'entre elles.
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