Plongée dans la machinerie du calcul de la croissance

Les automobilistes parisiens qui empruntent quotidiennent le périphérique sud connaissent bien l'édifice massif de l'Insee qui domine la porte de Vanves. En revanche, ils ne connaissent pas le bâtiment MK2 situé à Malakoff, à quelques hectomètres de là. Bien plus moderne, il regroupe la crème des crème des statisticiens et des économètres de l'Institut créé en 1946 et qui compta notamment Edmond Malinvaud parmi ses directeurs. Combien sont-ils? Placées sous la direction de Sandrine Duchêne, la responsable du département de la conjoncture, 60 personnes environ composent le département des comptes nationaux (DCN) à l'Insee. Mais si l'on ajoute l'ensemble des comptables nationaux, comme ceux travaillant à la Banque de France, dans les statistiques d'organismes publics (Arcep, Cnamts...), les statistiques d'organismes professionnel, les effectifs grimpent à 120 personnes occupées à temps plein sur ce sujet. Travail sur les "séries"Ensemble, ils ont la lourde tâche d'évaluer le plus justement possible l'évolution de l'activité économique tricolore. Les "séries statistiques" que martyrisent les modèles économétriques, constituent leur principal matériel de travail. Qu'est ce qu'une série? "Les comptes nationaux mesurent plusieurs grandeurs économiques. La plus fréquemment citée est le PIB, mais il y a aussi la consommation des ménages, les exportations, le taux d'épargne des ménages... Pour chaque grandeur, les comptes nationaux sont calculés chaque trimestre ou chaque année. Au fil du temps se construisent donc des 'séries' de chiffres, qui permettent de calculer des évolutions. Par exemple : la croissance du PIB a été de x% telle année, le volume de la consommation des ménages a triplé en cinquante ans, etc, etc... Lorsqu'ils prennent en compte tous les détails des comptes nationaux, par produit, par agent économique, entre autres, les statisticiens sont alors confrontés à plusieurs milliers de séries", précise-t-on à l'InseeAinsi, pour les premiers résultats des comptes trimestriels, publiés 45 jours après la fin du trimestre étudié, ce sont environ 1.400 séries de chiffres qui sont publiés. Ce sont plus de 2.000 séries qui sont étudiées pour viteréaliser les comptes détaillés dévoilés 45 plus tard. "Au total, pour parvenir à ces publications trimestrielles, environ 12 000 séries de travail sont utilisées et plusieurs milliers de modèles économétriques mobilisés", explique-t-on à l'Insee. Pour réaliser les comptes annuels, on change de dimension. Un calcul rapide estime à environ 100 000 le nombre de séries publiées lors d'une sortie de campagne.Pas trop viteCes détails connus, on comprend mieux pourquoi l'Insee met 45 jours pour publier les comptes trimestriels, comptes qui font souvent l'objet de corrections, le plus souvent mineures, avec l'arrivée de nouvelles informations statistiques. Pourrait-il aller plus vite ? Non, pour deux raisons. D'une part, le règlement européen ne le permet pas. D'autre part, l'Insee ne le souhaite pas pour préserver la qualité de ses comptes. Les offices statistiques britanniques et américains délivrent des chiffres 30 jours après la fin du trimestre. "Certes, ils vont plus vite nous, mais ils doivent réviser leurs comptes bien plus souvent. A cette date, ils ne disposent pas de tous les éléments indispensables pour réaliser leurs calculs. Ils procèdent à des extrapolations. Nous ne voulons pas travailler de cette façon", explique-t-on au service des comptes nationaux de l'Insee.
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