Rugby : Bibendum, l'ange protecteur de Clermont

La Juventus Turin a Fiat, l'ASM Clermont-Auvergne a Michelin. Derrière les cheminées crachant des flammes de l'entreprise de pneumatiques, on a élevé la discrétion au rang d'art. Rien à voir avec le triptyque Ferrari, fric facile et Ray Ban miroir prôné par Mourad Boudjellal et Toulon, l'adversaire des Jaunards aujourd'hui à Saint-Etienne lors de la deuxième demi-finale du Top 14. 100 ans au compteurL'an prochain, Michelin sera le plus vieux mécène du sport en Europe avec cent ans au compteur aux côtés de l'ASM. « Il y a un écart fantastique entre l'idée que ce fait un certain nombre de personnes de ce partenariat et la réalité. L'accord se résume à un contrat de partenariat certainement inférieur à ce qui se fait ailleurs », dégonfle immédiatement René Fontès, le président du club de rugby. C'est vrai que la manufacture, comme on dit à Clermont-Ferrand, n'injecte que 10% du budget de l'ASM soit 1,9 million d'euros. Derrière cet apport, Bibendum veille sur les destinées de la maison jaune et bleu même si c'est le club, sur ses deniers personnels, qui s'est endetté de 20 millions d'euros pour la construction de nouvelles tribunes. 10 finales de championnats« Toute l'entreprise est derrière le club. C'est une fierté », résume Claire Dorland-Clauzel, membre du conseil exécutif du groupe. Créée en 1911, l'ASM a disputé 10 finales de championnats de France, toutes perdues, et remporté deux Challenges européens. Michelin et Clermont : un mariage à la vie à la mort ? « On est dans l'affectif, dans une relation fusionnelle. Pour moi, ma réponse serait que c'est pour toujours », avance Fontès, un ancien manager de la marque placé à la tête du club par Edouard Michelin, et qui s'est rendu compte de « l'intérêt des victoires de l'ASM dans l'attitude des employés le lundi matin » à la manufacture. Abonné depus la saison 71-72Des employés qui comme Fiat avec la Juve, supportent majoritairement l'ASM. « On parlait du club quand on se croisait dans les allées. S'il y avait un chef d'atelier supporter de l'ASM, il ne pouvait pas s'empêcher de parler de l'ASM avec les ouvriers. Les barrières hiérarchiques étaient abolies », se souvient Serge Rosa-Donati, trente ans de boîte et abonné depuis la saison 71-72. Même si les « cravatés » (les hauts placés dans l'organigramme de Michelin) ne fréquentent plus aussi assidument la tribune d'honneur de Marcel-Michelin, la base est toujours là. Les passerelles entre Michelin et le club ont toujours été nombreuses, Jean-Marc Lhermet, l'actuel manager de l'ASM, est employé à la manufacture, les employés de Michelin disposent de réductions pour les abonnements... Il y a Renault, Logica, JacquetSi Michelin n'apparaît plus aussi visiblement, c'est que d'autres partenaires occupent un espace que l'entreprise leur laisse bien volontiers afin de rester dans sa pénombre chérie. « On est passé à l'international, explique Fontès. Il y a Renault, Logica, Jacquet, ce qui montre que l'ASM a passé un palier. S'il y a bien un domaine dans lequel nous avons réussi, c'est celui là. » En attendant peut-être un premier titre de champion de France mais pour cela il faudra déjà se qualifier pour la onzième finale de l'histoire du club en passant sur le corps de Toulon à Saint-Etienne où une autre manufacture (Manufrance) protégeait l'ASSE. Heureux hasard ?
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