L'Europe des indices boursiers joue les grands écarts

L'euphorie affichée par les marchés financiers au début de la semaine n'avait finalement rien d'une hirondelle annonçant le printemps boursier. Et la fin de la semaine a vu le retour des vieux démons pour les marchés à nouveau confrontés à la baisse des indices. La peur des opérateurs se mesure avec l'indice de la volatilité des grandes valeurs européennes Stoxx : il s'est tendu de 8 points à près de 40%. Ce qui suffit à montrer à quel point les places européennes finissent désemparées à la veille du week-end. Les actions cotées en Europe ont subi de plein fouet la nouvelle glissade de l'euro qui est passé sous les 1,24 pour un dollar à une demi-heure de la clôture des marchés. A Wall Street, le Dow Jones cédait un peu plus de 2% à deux heures de la clôture. La spéculation ne se contente plus de raids visant les emprunts des Etats les plus fragiles de la zone et n'hésite plus à s'attaquer frontalement à la devise elle-même.L'Europe du Sud amplifie encore la chute des indices Les remous sur le front des changes ont provoqué un mini tsunami sur les Bourses avec de très forts reculs des indices alors que se dissipent les effets positifs du mega-plan européen et que s'instille le doute sur les insuffisances de celui-ci. Une fois de plus l'Europe du Sud a amplifié la chute : l'Ibex madrilène payant le plus lourd tribut (- 6,64%), suivi par le CAC 40 (- 4,6 %), Alors qu'Athènes avait terminé sur une perte limité à 4,1%, "sauvée" par une clôture intervenue une heure plus tot que ses pairs. Le Dax a pour sa fini sur un recul de 3,12%.La Bourse de Copenhague a gagné 20 % depuis le 1er janvier L'écart s'est creusé un peu plus cette semaine entre les Bourses des pays de l'euro fort que la spécialisation de leurs exportation ne gène pas et ceux condamnés à adopter des plans d'austérité. A tel point que, mis bout à bout le recul de 9,55 % du CAC 40 depuis le début de l'année et le gain résiduel du Dax de 1,67 % du Dax, le différentiel des indices français et allemand atteint maintenant 11,2%. Il est encore bien plus important entre la Grèce (- 28,5 %) et la progression insolente de la Bourse de Copenhague qui frise les 20 %. Du jamais vu depuis l'avénement de la monnaie unique ! Si l'on prend en compte l'ensemble de l'Europe, cet écart s'élargit encore, avec les 45 % gagnés par le candidat adoubé cette semaine par la zone euro pour en devenir le 17ème membre : l'Estonie.Des écarts justifiésCes gouffres qui séparent les indices boursiers européens tiennent en partie au poids très variable des valeurs financières dans la composition de ces indices, mais cette morphologie est loin de fournir toute la lumière sur ces écarts grandissants. Au-delà des primes qu'ils exigent sur le rendement des emprunts d'Etat, les investisseurs ont signifié avec leur leur appétence mesurée la discrimination qu'ils opèrent entre les pays de l'euro fort et ceux qui ne cessent d'affaiblir la devise unique, après que celle-ci a sapé leur compétitivité pendant plusieurs années. Coup de boutoir sur l'euro Les coups de boutoirs portés à la monnaie unique n'ont pas manqué. La rumeur des propos prêtés au président Nicolas Sarkozy a fragilisé l'euro. Même si cette prétendue "menace de sortir la France de l'euro pour forcer les Allemands à accepter le plan de sauvetage de la Grèce" a été rapidement démentie par le gouvernement espagnol de José Luis Rodriguez Zapatero qui était désigné par le quotidien "El Pais" comme le propagateur de cette "révélation". Mais c'est la publication de la troisième édition du "Rapport de surveillance budgétaire multinationale" du FMI qui a précipité les attaques contre l'euro, en mettant l'accent sur les risques budgétaires qui se sont accrus dans les pays du G20. Le Fonds pointe l'absence de redressement des finances publiques au cours des derniers mois malgré l'amélioration des perspectives de croissance. Ne pas sous-estimer les risquesDe sorte que ses experts craignent que le poids des dettes publiques n'entravent la croissance économique des pays demeurant les plus affectés pendant de longues années. Il n'en fallait pas plus pour les pays européens dont les dettes souveraines posent le plus de problèmes réapparaissent au premier plan des craintes des opérateurs de marché, qui ont accentué leur défiance vis à vis de leurs investissement dans la zone euro. Et comme si cela ne suffisait pas, le président de la Bundesbank Axel Weber, membre influent du conseil des gouverneurs de la BCE a souligné à Rio de Janeiro, lors d'une conférence sur le thème de l'agenda du G20 sur la régulation financière, "la nécessité de ne pas sous-estimer les risques perdurant après l'adoption du plan de sauvetage de l'euro".
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