La France, elle l'a laissée tomber

Vade retro Satanas ! Voilà maintenant quelques années que le septième art s'est approprié la figure du trader comme la réincarnation du malin. Tout cela ne fait pas forcément de bons films. Sauf quand Cédric Klapisch reprend la caméra.Dans la ligne de mire de « Ma part du gâteau », son dernier film : la crise économique qui a fini par rattraper France (Karin Viard), ouvrière dunkerquoise dont l'usine ferme ses portes. Mère célibataire, elle ne voit qu'une seule issue pour s'en sortir, confier ses gamines à sa soeur et descendre à Paris pour retrouver du travail. Elle y dégote un poste de femme de ménage chez Steve (Gilles Lellouche), trader de son métier. Un homme froid, seul, toujours pressé. Tout les oppose. Et pourtant, France et Steve vont peu à peu finir par s'attacher l'un à l'autre.Cédric Klapisch mêle avec beaucoup d'habileté différents genres cinématographiques et c'est ce qui donne tout son sel à ce long-métrage. Car derrière cette comédie sociale à l'anglaise où Ken Loach ne semble jamais bien loin, il y a un film militant parfois très radical pour dénoncer le sort réservé aux ouvriers. Mais pas question de donner dans le misérabilisme ou l'ultraréalisme. Le réalisateur contrebalance ces scènes par d'autres, plus romantiques ou de comédie pure. Il faut voir France jouer les « Pretty woman » au supermarché du coin sur la musique de Roy Orbison. Plus hilarant encore est son apprentissage du métier de femme de ménage. S'éloignant un temps de ses terres parisiennes, il profite de ce conte moderne pour filmer Dunkerque et ses habitants avec chaleur, mettant en avant le sens de la solidarité de cette ville qu'il oppose à la Défense, cité d'un bleu métallique glaciale et désincarnée. On s'amuse finalement beaucoup avec « Ma part du gâteau », et on y prend d'autant plus de plaisir que le réalisateur reste lucide sur ses personnages, n'essayant finalement jamais de les sauver « malgré eux ». Il fallait des acteurs de choix pour leur donner chair. Karin Viard et Gilles Lellouche s'y emploient à merveille.
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