La France ne renoncera pas à l'atome

François Fillon a renvoyé mardi dos à dos les « pro » et les antinucléaires. Devant les députés, le Premier ministre a préféré temporiser, alors que la polémique entre les deux camps menaçait de s'envenimer. « Il y a un temps pour chaque chose. Aujourd'hui c'est le temps du soutien et de la solidarité avec le peuple japonais. Il y aura ensuite le temps du retour d'expérience », a souligné le Premier ministre devant les parlementaires qui ont respecté une minute de silence. Le locataire de Matignon a expliqué que le gouvernement n'éluderait « aucune des questions posées » par la catastrophe nucléaire japonaise, mais il a jugé « absurde » d'affirmer que ce type d'énergie était « condamné par cet accident ». Une manière de tacler les écologistes, voire l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin, soupçonnés par les autres formations politiques de vouloir instrumentaliser ce drame en avançant leurs pions politiques. Dans un contexte français exacerbé par la proximité des élections cantonales et présidentielle, Europe Ecologie Les Verts (EELV) - qui recueille 9 % des intentions de vote selon une enquête d'Harris Interactive publiée mardi par Le Parisien/Aujourd'hui en France - a ainsi demandé que soit organisé un référendum avant 2012 sur le nucléaire. Une prise de position qui place les questions énergétiques au centre des discussions à venir entre les Verts et le Parti socialiste. Pour le PS, Martine Aubry a écarté l'idée du référendum réclamant en revanche une autre politique énergétique. Selon le porte-parole du PS, Benoît Hamon, l'objectif serait non pas un abandon du nucléaire, mais une réduction de la part de cette énergie et l'augmentation des énergies renouvelables. En préalable à cette réflexion sur le « mix énergétique » de la France, le PS (qui rassemble 32 % des intentions de vote) a demandé un état des lieux des installations nucléaires françaises. Cette demande a été satisfaite par François Fillon qui a annoncé un audit du parc nucléaire français (lire ci-dessous). En faisant droit à cette demande de l'opposition - tout en affirmant que la France ne renoncera pas à l'énergie nucléaire - François Fillon a en quelque sorte formalisé une union droite-gauche face aux revendications des écologistes. Ce face-à-face original devrait alimenter le débat sur l'avenir et la place de l'énergie nucléaire, avec en filigrane les enjeux du scrutin présidentiel de 2012. Anne Eveno
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