La Poste compte doubler sa marge d'ici à 2015

Faire face, sans traumatisme pour les salariés et sans érosion de la rentabilité, à la chute prévisible de 30 % sur six ans d'une activité qui représente 53 % du chiffre d'affaires. Un vrai casse-tête, pour n'importe quel chef d'entreprise ! C'est pourtant celui auquel est confronté Jean-Paul Bailly, le président de La Poste, qui présentait jeudi à son conseil d'administration son plan de développement baptisé « Ambition 2015 ». Avec l'essor d'Internet, l'activité courrier recule. Elle a baissé de 2,5 % en 2009. Et Jean-Paul Bailly part de l'hypothèse qu'elle reculera de 30 % au total entre 2008 et 2015. « L'avènement de la société numérique va s'accélérer », assure-t-il. Et, à partir du 1er janvier prochain, le dernier pan du monopole va tomber, avec l'ouverture à la concurrence de la lettre domestique de moins de 50 grammes. Résultat : en 2015, le courrier n'apportera plus que 45 % du chiffre d'affaires du groupe. Pourtant, Jean-Paul Bailly vise une croissance d'un peu plus de 1 % par an pour son groupe et mise, pour 2015, sur une marge opérationnelle « de l'ordre de 8 % ». Très supérieure, donc, aux 3,7 % dégagés en 2009 ou aux 4,3 % de 2008, mais meilleure aussi que les 6,3 % de 2007. Il veut mettre en oeuvre pour cela un plan d'investissement de 9 milliards d'euros sur la période, financé pour 2,7 milliards par l'augmentation de capital prévue (voir encadré), mais aussi par des cessions immobilières (un peu moins de 1 milliard) et par l'autofinancement. Cette enveloppe servira à la modernisation des activités (pour 4,7 milliards), à la croissance externe (1,6 milliard) et à l'innovation (1,2 milliard), le solde de 1,5 milliard étant dédié aux investissements propres à La Banque Postale. la banque se renforceD'ici à 2015, l'équilibre entre les trois grandes activités que sont le courrier, le colis et la banque devrait se retrouver chamboulé. La banque va continuer à monter en puissance. Jean-Paul Bailly prévoit pour elle une croissance forte, de 5 % à 6 % par an, son offre s'étendant peu à peu à l'ensemble des services financiers. Le colis aussi devrait croître à belle allure, avec une hausse de 4 % à 5 % par an de son chiffre d'affaires et de son résultat opérationnel. La Poste y réalisera probablement des acquisitions. Quant au courrier, pas question de baisser les bras. Il ne représentera plus que 10 % du résultat d'exploitation en 2015, contre 60 % à 70 % pour la banque et 20 % à 25 % pour le colis. Mais tous les bureaux de poste auront alors été modernisés, avec une qualité de service accrue. Pour garder un bénéfice d'exploitation dans le courrier, Jean-Paul Bailly mise sur une baisse des coûts, sur des hausses de prix « significativement inférieures à l'inflation » et sur des activités nouvelles sur lesquelles les équipes sont en train de phosphorer. Elles vont de l'élargissement du rôle des facteurs à un mariage plus étroit entre courrier papier et numérique. Ce doublement de la marge à l'horizon 2015 ne sera pas linéaire. « Jusqu'en 2011, la marge devrait rester autour de 3 % à 4 % », estime Jean-Paul Bailly, car la crise n'est pas terminée, les investissements vont peser et les innovations tarderont à produire leur plein effet. Mais, ensuite, le patron de La Poste espère que son plan portera ses fruits. Et ce, « en respectant les missions de service public de l'entreprise et en préservant le modèle social de ses salariés », assure-t-il. n
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