Vaste chantier informatique pour la paye des fonctionnaires

C'est un chantier informatique public critique qui va aboutir à la mise au point d'un nouvel outil de paye pour les quelque 3 millions de fonctionnaires français. À l'issue d'un appel d'offres de plus d'un an, l'Opérateur national de paye (ONP), la structure publique créée en 2007 pour moderniser la chaîne de paye de l'État, vient, selon nos informations, de retenir la proposition du consortium mené par la société de services américaine Accenture. Ce consortium comprend également la britannique Logica, la française Sopra, en sous-traitance, et l'éditeur français de logiciels HR-Access.Selon un connaisseur du dossier, la construction de la solution informatique devrait coûter aux alentours de 70 à 80 millions d'euros. Mais l'ensemble du projet, avec les déploiements dans les administrations, la formation des agents, etc. représentera un investissement « trois à cinq fois supérieur », difficile à chiffrer à ce jour.Le grand perdant de l'appel d'offres est IBM, qui menait le consortium concurrent, au sein duquel il était associé à la société de services française Steria et à l'éditeur allemand de progiciels SAP. IBM, avisé de sa défaite fin août, selon nos informations, avait déposé un recours en référé devant le tribunal administratif sur la validité de la procédure. Mais celui-ci a été rejeté hier. Plus aucun obstacle ne devrait désormais retarder la signature du contrat.Le projet de l'ONP, qui concerne rien mois que les trois millions de fonctionnaires français, ne manque pas de défis. « C'est un programme d'une dimension exceptionnelle par son volume », de l'avis même de Sophie Mahieux, la directrice de l'ONP. « La vraie difficulté du projet, c'est la capacité à traduire les règles de gestion des populations de fonctionnaires, qui sont très diverses, dans un système unique, avec une telle volumétrie », résume une source industrielle.Cette nouvelle solution informatique viendra remplacer un système de paie dont « la pérennité est aujourd'hui menacée », selon un rapport de l'inspection générale des finances, publié fin 2006. L'application de paie du Trésor public date en effet des années 1970. « Il n'existe plus aujourd'hui qu'une poignée de personnes qui savent la maintenir et qui sont proches de la retraite », indique un bon connaisseur du sujet. L'efficacité du système pâtit également d'une « organisation éclatée » et d'une « mutualisation insuffisante », selon l'inspection des finances.Concrètement, la collecte des informations nécessaires à la paye des agents publics est aujourd'hui assurée au niveau même des ministères. Plus de 10.000 personnes travaillent sur ces sujets, avec des dizaines d'applications différentes, et des écarts de productivité importants. Les informations sont ensuite transmises au Trésor public, qui calcule et édite les bulletins. Mais l'interface des sytèmes d'information de ressources humaines des ministères avec l'application du Trésor n'est pas généralisée, ce qui implique de nouvelles saisies de données, avec les risques d'erreurs à la clé.réductions d'effectifsLa mise en ?uvre d'un nouveau système d'information au Trésor devrait permettre un certain nombre d'économies, selon les promoteurs du projet. L'ONP a évoqué « la possibilité d'atteindre un retour sur investissement du projet sur cinq ans ». Les économies proviendront notamment de l'exploitation et du maintien du sytème d'information, unique et rénové. L'application permettra également « des gains de saisie », selon un industriel. Autrement dit : des réductions d'effectifs en charge de ces missions. Comme l'a formulé Sophie Mahieux il y a quelques semaines « de nouveaux métiers vont apparaître, d'autres vont évoluer, tout ceci nécessitera un accompagnement au plus près des administrations ».Le calendrier prévisionnel prévoit que la construction de la solution soit engagée en 2010-2011. Une phase pilote devrait ensuite être lancée début 2012, avant le déploiement proprement dit de l'application, prévu par paliers, et qui prendra plusieurs années. nL'application de paye du Trésor public date des années 1970.
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