La Réunion teste l'énergie thermique de la mer

Jules Verne en parlait déjà dans « Vingt Mille Lieues sous les mers », mais c'est seulement en 2011 que les premiers essais d'un prototype de centrale fonctionnant à l'énergie thermique des mers (ETM) seront réalisés, résultat d'un partenariat entre l'État, la région de La Réunion et DCNS. Après une première convention signée en avril dernier et portant sur les études de faisabilité du projet, une deuxième convention, dotée de financements renforcés via le Fonds exceptionnel d'investissement (FEI), inscrit au plan de relance, a été signée en octobre. La convention Miroir est dotée de 6,7 millions d'euros, répartis entre l'État (5 millions), la région de La Réunion (0,7 million) et DCNS (1 million).Il s'agit de mettre au point un démonstrateur ETM afin de réaliser des essais en mer permettant de fiabiliser les calculs nécessaires à l'implantation de futures centrales. La création à terme d'une filière industrielle sur l'île de La Réunion poursuit un objectif à la fois économique (donner de l'activité aux industriels et aux habitants) et environnemental : l'implantation de plusieurs centrales ETM de 100 à 160 mégawatts pourrait garantir, d'ici à 2025, l'autonomie énergétique de La Réunion et l'affranchir du charbon.Procédé « Plug anD play »« L'énergie thermique des mers est idéale pour les zones tropicales », assure Jean-François Le Bert, responsable du développement marché énergies marines chez DCNS Indret, le site nantais du groupe. « Ce procédé, qui consiste à exploiter la différence de température naturelle entre la surface et les profondeurs de l'océan pour produire de l'électricité, ne dégage aucune émission de CO2 et fonctionne 365 jours par an, 24 heures sur 24. » Plusieurs tentatives ont été faites dans les mers chaudes, sans succès la plupart du temps faute de moyens financiers suffisants. « Le faible coût du baril de pétrole n'avait pas incité à investir dans ce domaine », analyse Jean-François Le Bert.Aujourd'hui, les moyens sont disponibles jusqu'en 2011, soit jusqu'à l'implantation d'un banc de test à La Réunion. D'ici là, les études puis les essais se poursuivront à Indret jusqu'à fin 2010 en présence des ingénieurs et techniciens réunionnais en formation. De nombreuses difficultés techniques doivent encore être surmontées, comme le pompage de l'eau froide en grande profondeur et les conditions d'ancrage propres à La Réunion. « Nous préparons un prototype le plus abouti possible afin de présenter aux Réunionnais un procédé ?plug and play? qu'ils n'auront plus qu'à installer et faire fonctionner », détaille Jean-François Le Bert.Les ingénieurs de DCNS planchent aussi sur le coût économique d'une telle centrale, qui doit encore améliorer son rendement pour renforcer sa compétitivité. « Un an d'essais sera nécessaire pour tester le cycle de fonctionnement du prototype, ce qui implique de trouver les financements complémentaires », prévient l'ingénieur, qui a déjà des contacts avec d'autres DOM-COM pour développer des centrales ETM et qui compte, plus tard, « sortir du territoire français ».
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