Les groupes français blindent leur trésorerie

La hausse des taux longs serait-elle imminente ? En tous cas, avec récemment EDF et la Poste, sans oublier lundi France Télécome;lécom, on assiste à une véritable accélération des rachats d'obligations par les grands groupes français qui suivent en cela les grands groupes étrangers. Comme si chacun se disait in petto, que c'était le moment ou jamais. Depuis le début de l'année, les groupes du CAC 40 ont ainsi procédé, selon nos calculs, à près de 13 milliards d'euros d'opérations de rachat ou d'échange d'obligations à échéance proche et offrant un coupon élevé. Parmi les opérations les plus importantes, on compte celles menées par EDF, Bouygues, France Télécome;lécom, et Danone qui vient de réitérer un échange d'obligations sur deux grosses lignes 2014 et 2015. Pour les opérations à moins de 1 milliard d'euros, on trouve Gdf Suez, Veolia, Air Liquide, PSA, Saint Gobain, ST Microelectronics, Schneider... Nombre d'émetteurs retirent ainsi tout ou partie des obligations émises au plus fort de la crise de liquidité, et à des taux élevés, pour les refinancer par des obligations à coupons historiquement faibles. Ils profitent à plein de la chute des taux sur les emprunts d'Etat à 10 ans comme de la baisse des écarts de taux dont bénéficient les emprunteurs privés alors que les inquiétudes des marchés sur la solvabilité des émetteurs se sont calmées, pour se refinancer à moindre coût: selon l'Agefi, les taux moyens des obligations d'entreprise en Europe ont ainsi été divisés par deux, passant de 7 % à la fin 2008 à 3,5 % aujourd'hui. Elles obtiennent même des conditions financières plus avantageuses que celles d'avant la crise. Et surtout, elles allongent la maturité de leur dette, en empruntant sur une durée beaucoup plus longue: huit à neuf ans pour Air Liquide et Bouygues, dix ans pour Schneider, douze pour GDF Suez et Suez Environnement et jusqu'à trente ans pour EDF. Comme si chacun voulait se prémunir contre une éventuelle crise à venir, en blindant sa trésorerie. «Ces opérations, qui s'apparentent surtout à une optimisation de la trésorerie, ne devraient pas modifier sensiblement la notation des groupes», estime Sébastien Barthélémi, responsable de la recherche crédit chez Louis Capital Markets, comme pour nuancer l'intérêt de ces opérations.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.