Les propositions de Paris et Berlin sur le gril européen

Depuis deux ans, elles n'ont pas été très nombreuses les rencontres des chefs d'État et de gouvernement européens, où ils n'eurent à décider sous la pression immédiate des marchés. Le sommet qui s'ouvre ce jeudi après-midi à Bruxelles devrait donc faire figure d'exception. Les diplomates s'attendent à une réunion relativement calme. « Les chefs se concentreront sur la modification du traité nécessaire » pour créer un système permanent de stabilisation de l'euro, soulignait mercredi l'un d'eux. La copie est prête. Le président du Conseil européen l'a mise sur la table déjà la semaine dernière. « Les États membres dont la monnaie est l'euro peuvent établir entre eux un mécanisme de stabilisation pour sauvegarder la stabilité de la zone euro dans son ensemble. L'octroi d'une assistance financière dans le cadre de ce mécanisme sera soumis à des conditions strictes », prévoit l'addendum à l'article 136 du traité qui sera soumis officiellement vendredi au Conseil. Herman van Rompuy avait pour mandat de faire simple et court. Les mots ont été pesés. Les « bilatérales » organisées ces dernières semaines attestent d'un « large consensus », assure une source européenne. Mais, « on ne change pas impunément le traité », notait mercredi un diplomate.Désordres monétairesMais après des semaines de maelström, où Paris et Berlin ont dominé l'arène, d'autres pays profiteront de la sérénité relative des marchés pour retrouver voix au chapitre. La Pologne, en particulier, ne voudrait pas payer la création d'un mécanisme de stabilisation permanent du prix de son entrée dans la zone euro. Le Premier ministre Donald Tusk fera savoir à ses homologues que son pays aspire à être partie prenante de la mise en place et du fonctionnement du futur instrument. Le système actuel, et provisoire, est relativement souple puisqu'il a permis, dans le cas irlandais, la participation du Danemark et surtout du Royaume-Uni, aux côtés des membres de la zone euro. Le prochain ne saurait être moins inclusif, sans quoi il risque de manquer son objectif de stabilisation des marchés, juge-t-on à Varsovie. Et de rappeler que tous les membres de l'Union européenne ont vocation à entrer dans la zone euro, sauf à avoir négocié un « opt out », ce qui n'est le cas que du Royaume-Uni et du Danemark. Chez les bons élèves de la classe budgétaire, on aimerait également ramener l'attention sur la prévention des désordres monétaires, après toutes ces semaines où il n'a été question que de sauvetage d'urgence. S'y emploiera notamment le Premier ministre néerlandais, le libéral Mark Rutte. A la tête d'un gouvernement, minoritaire, ne tient que grâce au soutien du PVV, le parti du populiste Geert Wilders, il est tenu de donner des gages de rigueur. Les Vingt-Sept devraient donc également appeler à une accélération des travaux sur la gouvernance économique, actuellement entre les mains du Parlement et des ministres des finances.
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