Nuage de craintes en Occident

L'accident nucléaire de Fukushima va retarder encore la reprise des programmes nucléaires aux États-Unis et dans les pays européens qui avaient mis en sommeil leurs projets pendant de très longues années après les accidents de Three Mile Island, en 1979, et de Tchernobyl, en 1986. Cette reprise était déjà très hésitante. Et la catastrophe japonaise est venue, dans certains pays européens, raviver les doutes d'opinions publiques peu convaincues. Dès le début de la semaine, la Suisse, la Belgique et l'Allemagne, qui venaient de décider de sortir des moratoires instaurés à la fin des années 80, ont décidé de suspendre leurs décisions d'allongement de la durée de vie de leurs centrales. L'Allemagne va même fermer, pour au moins trois mois, ses plus anciens réacteurs. L'Italie, qui avait arrêté ses centrales à la fin des années 1980, doit faire valider par un référendum en juin prochain sa décision, prise en 2008, de construire de nouveaux réacteurs. Quant aux Pays-Bas et à l'Espagne, ils ne sont jamais revenus sur leur position de ne plus construire de nouvelles centrales. La France, qui construit un EPR (réacteur nucléaire de nouvelle génération) à Flamanville (Manche) et en a planifié un second à Penly (Seine-Maritime), est encore une fois en matière nucléaire, une exception. Aux États-Unis, Barack Obama, déjà peu à l'aise pour poursuivre la relance du nucléaire civil annoncée par Georges Bush en 2005, se retrouve face à une opposition renforcée. Il a annoncé en début de semaine la nécessité de « continuer à renforcer » la sûreté des centrales américaines, notamment face au risque sismique. Un coup dur pour les constructeurs qui voyaient le renouvellement du premier parc mondial (104 réacteurs) comme un eldorado. D'autant que le faible taux d'équipement relatif (les États-Unis produisent 20 % de leur électricité avec l'atome, contre 29 % en Europe) leur semblaient prometteur. La crise de 2008 avait déjà refroidi leurs ardeurs en faisant chuter la consommation d'électricité, mais surtout en tarissant les sources de financement. Sans compter l'afflux non prévu de gaz non conventionnels qui a disqualifié l'atome par rapport aux centrales à gaz. Bilan : les électriciens américains ont remisé leurs plans de centrales. La plupart des contrats signés ont été gelés ces deux derniers années. M.-C. L.
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