Les groupes de luxe face à la nouvelle donne nippone

Avec l'enchaînement des catastrophes au Japon, le secteur du luxe n'a pas échappé à une correction boursière. Encensés par la communauté financière en 2010 avec des bonds spéctaculaires de 40 à 60 %, LVMH et PPR font grise mine à la Bourse de Paris. Leurs cours ont fondu de plus de 15 % par rapport au début de l'année. Mais le constat ne se limite pas à la France. En Suisse, l'action du groupe Richemont accuse un repli de 12 % sur la même période quand Swatch Group a cédé 10 %. Les prises de bénéfices, déjà alimentées par des incertitudes d'ordre conjoncturel et par la montée des tensions dans le monde arabe, se sont accélérées. Et pour cause. Le Japon s'impose comme la deuxième industrie du luxe mondial avec 11 % du marché total, soit 168 milliards d'euros. Même si les acteurs du secteur ont concentré leurs efforts de développement sur les pays émergents et notamment la Chine, le manque à gagner n'en est pas moins substantiel. À titre d'illustration, LVMH tire 10 % de ses revenus du Japon. En outre, les niveaux de valorisation de ces groupes de luxe restent relativement élevés. LVMH et Richemont continuent de se payer plus de 15 fois les bénéfices estimés par le consensus Bloomberg en 2011 quand Richemont culmine à 18 fois. Soit peu ou prou 50 % de plus que l'indice Euro Stoxx 50. Dossiers dormantsDans ce contexte, le catalyseur semble se situer dans les projets d'investissements de croissance, et notamment externe. LVMH a ouvert le bal des rachats de l'année 2011, avec l'acquisition de Bulgari, doublant au passage son exposition au segment de la joaillerie. Sachant que de leur côté, les actionnaires de la célèbre maison italienne ont vu leur participation se revaloriser de 50 % depuis le début de l'année. Même si comme le soulignent les analystes d'Aurel-BGC, le nombre d'opérations d'envergure envisageables dans le secteur est limité, les opportunités de développement demeurent. « Tiffany est une magnifique marque qui pourrait tomber dans l'escarcelle d'un groupe comme Richemont », estime François Arpels, directeur général de la banque d'affaires Bryan Garnier & Co. Et d'ajouter « d'autres marques de taille plus modeste sont également susceptibles de susciter l'intérêt des poids lourds du luxe comme Armani, Prada dont l'introduction est prévue à Hong Kong ou encore Longchamp du côté français ». Bien garnis en liquidités, les majors du luxe pourraient aussi vouloir ressortir des dossiers dormants. Selon François Arpels, « il ne serait pas étonnant de voir certains acteurs accélérer leur programme de développement dans des pays comme l'Inde pour compenser la diminution de la contribution à leurs revenus dans l'archipel ».
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