Pirouette statistique

La zone euro a créé la surprise au deuxième trimestre avec un PIB réel en léger repli. Les deux principales économies européennes, l'Allemagne et la France, ont même réussi l'exploit d'afficher une croissance positive, grâce à une progression de la consommation de 0,7?% pour l'ensemble de la zone. Pourtant, même si l'épicentre de la récession mondiale s'est trouvé aux États-Unis, c'est bien la zone euro qui en a le plus pâti, avec un recul du PIB de 5?% en rythme annuel durant six trimestres contre une chute de seulement 3,7?% durant sept trimestres pour la première économie mondiale. De façon paradoxale, la décroissance semble pourtant avoir causé moins de ravages sur le marché du travail en Europe qu'aux États-Unis : le taux de chômage de la zone euro a grimpé de 230 points de pourcentage (+ 80 points seulement en Allemagne) contre exactement le double outre-Atlantique (460 points).Le cas de l'Allemagne, qui représente près de 30?% de l'activité économique de la zone, est exemplaire à cet égard. Malgré une chute record de la production de 6,7?% (près de deux fois plus qu'aux États-Unis), l'emploi n'est en recul que de 0,5?% par rapport à son plus-haut, contre près de 5?% outre-Atlantique. L'emploi en Allemagne a même moins reculé qu'en 2002, en dépit d'un choc économique cette fois-ci beaucoup plus important. L'explication ? Le recours massif et inédit au chômage partiel (plus de 1,4 million de salariés à la fin juin). Mais cette pirouette statistique ne durera pas éternellement : le basculement d'une grande partie des personnes en chômage partiel vers un chômage longue durée devrait se concrétiser une fois que le secteur automobile ne sera plus directement soutenu par les effets de la prime à la casse. L'ajustement du marché du travail est dans ce sens très en avance aux États-Unis. Le consensus confirme ce scénario avec une estimation d'un taux de chômage aux états-Unis, et pour la zone euro de respectivement 10,2 % et 11,4 % au troisième trimestre 2010 contre 9,7 % et 9,5 % aujourd'hui. nPar Jean-Luc Buchalet (en haut) et Pierre Sabatier, respectivement PDG de Pythagore Investissement et de PrimeView.
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