L'Inde tente d'amender le secteur de la finance solidaire

Après les scandales qui ont émaillé la microfinance au cours des derniers mois, l'Inde prend des mesures. Ou plus précisément l'État de l'Andhra Pradesh. Centre névralgique de cette activité, puisqu'elle concentre un tiers du marché indien, cette région où 85 suicides de paysans liés au surendettement ont été recensés, vient d'adopter un projet de loi visant à réguler la profession.Pratiques agressivesOutre la volonté de freiner la progression des taux d'intérêt, qui parfois avoisinent les 36 %, celui-ci vise avant tout à instiller davantage de transparence dans la profession. Désormais, les emprunteurs devront se rendre directement dans des bureaux du gouvernement afin d'effectuer leurs versements au lieu d'avoir à recevoir à leur domicile les agents de recouvrement dont certains avaient des pratiques parfois jugées agressives. En outre, la nouvelle loi prévoit que les versements seront effectués une fois par mois et non toutes les semaines comme auparavant. « Sur le fond, cette loi paraît aller dans le bon sens et vise à s'attaquer à certaines dérives du secteur », souligne Aurélie Duthoit, co-fondatrice de Babyloan. « On peut cependant regretter qu'elle soit aussi coercitive et surtout qu'elle stigmatise autant les acteurs sur le terrain », ajoute-t-elle. Les professionnels indiens sont également inquiets. «La loi est très antipauvre. Elle va rendre les opérations de prêts plus coûteuses voire impossibles dans cet État. Les professionnels vont déserter », craint Vijav Mahajan, président du réseau des institutions de micro-finance qui représente 44 structures. Il s'inquiète déjà de voir certains villageois, poussés par des hommes politiques « démagogues », ne plus rembourser leurs prêts. « Nous devons de l'argent aux banques. Si nous ne sommes pas remboursés, celles-ci ne nous prêteront plus et nous n'accorderons plus de nouveaux prêts ». Selon lui, la collecte de prêts aurait d'ores et déjà baissé de 5 % dans cet État. Le groupe SKS, par lequel le scandale est arrivé, a quant à lui vu ses actions chuter de près de 4%. Marjorie Bertouille
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