L'Argentine s'accommode bien d'un peso au plus bas

Les Argentins, traumatisés par les à-coups violents de leur monnaie dans un passé pas si lointain, pourraient ne pas voir cette tendance d'un bon oeil. En l'espace de douze mois, le peso argentin a perdu 9,8 % face au dollar. Mardi, il est même tombé à un plus bas historique de 3,8648, en deçà même de la limite franchie en 2002... Pourtant, les circonstances n'ont plus rien à voir avec les années noires qui ont suivi le défaut du pays en 2001. L'Argentine devrait enregistrer un rebond de sa croissance au quatrième trimestre ; elle dégage désormais un surplus courant de 4 % du PIB, l'un des plus élevés du continent sud-américain. et n'a pour l'heure pas eu à déplorer d'importantes sorties de capitaux. En témoigne la performance de sa Bourse (lire ci-contre). « La faiblesse du peso argentin ne s'explique pas par des raisons de marché, même si l'aversion au risque, aidée par les incertitudes autour de la conjoncture internationale, peut augmenter », résume Edgardo Torija Zane, économiste spécialisé sur les pays émergents chez Natixis. « Cette faiblesse est essentiellement à rechercher dans le dosage de la politique monétaire et budgétaire [? policy mix ?] du gouvernement, dont l'objectif est clairement de maintenir un taux de change sous-évalué, poursuit-il. Une stratégie qui lui permet de ne pas perdre en compétitivité, un bon point, qui plus est alors que l'élection présidentielle a lieu l'année prochaine. Mais qui a également bien d'autres avantages : elle permet à la fois de gonfler les recettes de ses revenus en pesos tirées des taxes à l'exportation, de soja notamment, et de maintenir un budget équilibré tout en augmentant les dépenses et la croissance économique. Elle permet également d'étoffer les réserves de change du pays. » Réserves dans lesquelles Cristina Kirchner aimerait justement puiser ? à hauteur de 6,6 milliards de dollars ? pour régler la dette 2010 du pays. N'en déplaise à Martin Redrado, l'ancien gouverneur de la banque centrale qui, après s'être opposé sur ce point au gouvernement, s'est fait limoger le 7 janvier. Dans les mois qui viennent, ce pilotage de la monnaie pourrait même être poussé plus loin encore. Selon le consensus réalisé par Bloomberg auprès de neuf économistes, le peso pourrait continuer à s'affaiblir, et ce jusqu'à toucher une parité de 4,2 pesos pour 1 dollar à la fin de l'année. Avec un risque à la clé : l'inflation. « Celle-ci pourrait connaître une nouvelle poussée, en raison de la hausse du prix des biens importés et exportables, notamment alimentaires », avertit un gérant. Même si, ironise-t-il, « cette hausse ne se verra pas forcément entièrement dans les indices officiels ».
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