La faiblesse de l'euro fragilise la politique de change suisse

S'il est une banque centrale d'Europe qui s'est montrée hyperactive sur le marché des changes depuis un an, c'est bien la Banque Nationale Suisse (BNS). Tout a commencé en mars 2009, lorsqu'elle a pris les marchés par surprise en intervenant directement sur le marché pour affaiblir le franc suisse, ce qui jusqu'à présent ne faisait pas partie de sa « culture ». Depuis lors, on a assisté à des incursions à intervalles réguliers, soit directes, soit par le truchement de la Banque des règlements internationaux, la banque centrale des banques centrales implantée à Bâle, soit sous forme d'interventions verbales. L'objectif : prévenir toute tentative du franc de passer à la hausse le seuil de 1,50 pour un euro, considéré comme l'ultime bastion pour protéger la compétitivité des exportations helvétiques, première contribution à la croissance suisse.Cette gestion dynamique du taux de change du franc sous la houlette de Jean-Pierre Roth, président de la BNS jusqu'au début de cette année, a été couronnée de succès... jusqu'à ce que l'euro vienne semer la zizanie. Car depuis décembre dernier, le franc suisse s'est négocié de façon quasi ininterrompue au-dessus de 1,50 pour un euro, faisant même une incursion jusqu'à 1,4560 le 5 février. Depuis, il est enserré dans une étroite fourchette allant de 1,4650 à 1,47, mais les acteurs du marché des changes ne demandent qu'à investir dans cette valeur refuge, la dernière grande monnaie d'Europe qui ne soit embrigadée ni dans l'euro, ni dans l'Union européenne. Philipp Hildebrand a eu beau reprendre à son compte la campagne de son prédécesseur tout aussi résolument que lui et les cambistes suspecter de fréquentes interventions plus ou moins voilées depuis sa prise de fonction le 1er janvier, la machine, bien huilée l'an dernier, est désormais grippée.bataille perdue d'avanceLa crise grecque et ses possibles ramifications, qui ont envoyé l'euro au tapis face au dollar, l'ont aussi ? durablement semble-t-il ? affaibli face au franc suisse, qui a regagné 4 % depuis l'accélération du décrochage de la monnaie unique à la mi-décembre. Les intervenants en sont persuadés : Hildebrand mène une bataille perdue d'avance tant que les pressions baissières sur l'euro ne se relâcheront pas. Le patron de la BNS n'a guère le choix : s'il veut tenter de dompter la monnaie helvétique, c'est maintenant le seuil de 1,45 franc suisse pour 1 euro qu'il va falloir défendre, bec et ongles. Isabelle Croizard
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