Le temps se gâte pour le solaire allemand

L'industrie solaire allemande traverse une passe difficile. Ce mardi, le patron du développeur de projets thermiques Solar Millennium, Utz Claassen, en poste depuis janvier seulement, a démissionné de son poste sans un mot d'explication. L'action a perdu dans la journée 35 % de sa valeur. Jeudi dernier, c'était le fabricant de cellules photovoltaïques Q-Cells qui annonçait le départ de son fondateur Anton Milner. Ce remue-ménage traduit surtout les difficultés croissantes des groupes allemands à faire face aux défis du marché. Au cours du dernier mois, les analystes ont abaissé leurs recommandations ou leurs objectifs de cours sur plusieurs acteurs de la branche. « Nous sommes très prudents sur le secteur et, pour tout dire, nous sommes en retrait pour le moment », confie ainsi un banquier francfortois jadis très actif dans le financement de la branche. Les chiffres provisoires de Q-Cells pour l'année 2009, présentés le 23 février dernier, ont confirmé ces craintes avec une perte nette de 1,4 milliard d'euros sur un chiffre d'affaires de 801 millions d'euros, en baisse de 36 %. Les causes de ce désastre : le ralentissement de la demande et la concurrence chinoise, devenue très forte. Selon la banque LBBW, le coût d'une cellule en Europe est en moyenne de 2,08 dollars par watt, contre 1,69 dollar par watt en Chine.Pour faire face à une crise de surproduction et à un déficit de compétitivité, l'industrie solaire allemande doit inévitablement se restructurer et accélérer son avantage en termes de recherche. Le mouvement est en cours, mais il est douloureux. Q-Cells a ainsi fermé quatre lignes de production, vendu ses participations dans deux sociétés en passant 168 millions d'euros de dépréciations et entend produire de plus en plus en Malaisie. De son côté, Solarworld a récemment annoncé la mise en place d'une coentreprise au Qatar pour produire de la silice et s'est dit prêt à industrialiser un nouveau procédé de production de cellule plus efficace.Réduction des subventionsLe gouvernement allemand est décidé à accélérer ce mouvement. Le ministre de l'Environnement, Norbert Röttgers, a ainsi l'intention de réduire de 15 % les subventions accordées à l'électricité issue de l'énergie solaire en Allemagne. Une décision qui ne vise pas seulement à réaliser des économies, mais aussi à ôter aux sociétés allemandes du secteur le confortable « matelas » sur lequel elles se sont trop longtemps endormies et qui les laisse si désemparées devant cette crise. Certes, bien des incertitudes entourent encore la décision sur cette suppression, mais seules les entreprises assez solides pour se restructurer et pour investir dans la recherche pourront passer ce cap crucial pour le secteur.
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