Prudential dévoile enfin son augmentation de capital

Les actionnaires de Prudential savent enfin à quoi s'en tenir. Ce lundi, onze semaines après l'annonce de l'OPA géante de l'assureur britannique sur AIA, la branche asiatique d'AIG, les conditions de l'offre de 35,5 milliards de dollars ont finalement été détaillées.L'augmentation de capital de 20 milliards de dollars, qui va financer l'acquisition, sera réalisée avec de nouvelles actions émises à 104 pence, soit 80% de réduction par rapport au prix de clôture vendredi. C'est un discount de 39% par rapport au « prix théorique ex-émission d'actions nouvelles ». L'émission se fera aussi via une introduction en Bourse à Hong Kong la semaine prochaine.« Le prix est environ ce que les gens anticipaient, estime l'un des actionnaires de Prudential. Attendons maintenant le vote du 7 juin (date de l'assemblée générale, Ndlr) ». Ce vote sera difficile, dans la mesure où Prudential a besoin de l'accord de 75% de ses actionnaires. Plusieurs d'entre eux ont fait connaître leur déplaisir et demandent de scinder Prundential en deux entités, entre division britannique et asiatique. Tidjane Thiam, le patron franco-ivorien du groupe, rejette cette demande et se dit confiant pour obtenir le soutien de ses actionnaires.Tel un boxeur sonné, il avoue cependant un certain soulagement. « En l'absence d'informations financieres détaillées, il était impossible aux actionnaires de prendre une décision. Nous étions comme un boxeur se battant avec un bras derrière le dos. Nous étions handicapés, parce qu'il y avait de nombreuses questions auxquelles nous ne pouvions pas répondre. »Tidjane Thiam a en particulier résolu son problème avec la Financial Services Authority, le régulateur britannique des entreprises financières. Celui-ci avait bloqué l'offre voilà deux semaines, craignant que l'assureur n'ait pas assez de fonds propres pour se permettre une telle offre.En réponse, Prudential a dû presque doubler le capital excédentaire au delà des exigences réglementaires, de 2,6 à 5,2 milliards de livres (3 à 6 milliards d'euros) pour mener l'OPA à bien. Pour cela, l'assureur a remanié le financement de son acquisition : au lieu d'un endettement « senior » traditionnel, une partie sera réalisée avec une dette « hybride », qui peut être comptée dans le capital, mais qui coûte plus chèr à lever.Avec les détails de l'augmentation de capital, les investisseurs ont mis la main sur un prospectus de presque 1000 pages. Cela sera-t-il suffisant pour les convaincre ? Le patron de Prudential a tout fait pour, expliquant ce lundi aux analystes pendant près de trois heures les intérêts de la fusion entre les deux principaux assureurs étrangers en Asie. Selon lui, ce continent est un marché particulièrement intéressant pour l'assurance vie, avec une population encore jeune, en plein enrichissement, et une pénétration des produits d'assurance encore très faible. Selon lui, le groupe combiné peut doubler son bénéfice d'ici 2013 ; des synergies de revenus et de coût de 1,2 milliard de dollars seraient réalisables d'ici 2013 ; et un milliard de dollars de cash-flow par an devrait être ramené d'AIA vers Prudential à partir de 2011. Il reste trois semaines pour convaincre les actionnaires que ces objectifs sont réalistes.Eric Albert, à LondresInfographie2col 90mm
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