Un père et passe, c'est « Biutiful »

On parle beaucoup de paternité à Cannes cette année. Dans les grandes productions hollywoodiennes comme « Robin des bois » de Ridley Scott ou « Wall Street, l'argent ne dort jamais » d'Oliver Stone. Dans les films d'auteurs aussi, tel « Un homme qui crie » de ­Mahamat-Saleh Haroun. Mais c'est probablement le Mexicain Alejandro González Inarritu qui signe le plus beau film sur le sujet. Dense, profond, subtil, sensible, son « Biutiful » était présenté hier soir en ­compétition.Cette fois, le réalisateur a posé sa caméra à Barcelone. Non pas sur les Ramblas ou devant les villas chics de la côte mais au coeur des quartiers pouilleux de la ville. C'est là qu'habite Uxbal (Javier Bardem) avec ses deux enfants dont il a la garde. Bipolaire, ex-alcoolique, leur mère n'est pas en mesure de s'en occuper. Lui a un don. Une capacité à communiquer avec les morts juste après qu'ils ont rendu leur dernier souffle. Mais pour nourrir les siens, il aide les clandestins à trouver du travail. Une forme d'exploitation, certes, mais qu'il contrebalance en tentant d'améliorer leurs conditions de vie. Reste que ses jours sont comptés. Et Uxbal doit absolument trouver une solution pour ses enfants avant de s'en ­aller.Un destin en plan serréC'est la première fois qu'Alejandro González Inarritu se sépare de son scénariste Guillermo Arriaga pour réaliser un film et ça lui va très bien. Certes, tous deux ont réussi avec ­« Amours ­chiennes », « 21 grammes » ou « Babel » des oeuvres chorales virtuoses. Là, le réalisateur se focalise sur Uxbal pour brosser le portrait, sublime, d'un homme bon aux multiples zones ­d'ombre. Un père obsédé par l'éducation et l'avenir de ses enfants, magistralement interprété par Bardem. Inarritu raconte aussi, avec force, le sort ­réservé aux immigrés clandestins, exploités, traqués comme des bêtes. Le réalisateur colle ses personnages au plus près, dans des plans urbains serrés. Il n'y a pas de pathos ici, ni de leçon de morale. Mais un amour profond pour l'humanité tout entière.
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