La croissance et l'investissement résistent à la violence au Mexique

Acapulco, no, Guadalajara, si. Si les touristes désertent le Mexique, de peur d'être pris dans la spirale de violence qui a saisi le pays depuis que le gouvernement a déclaré la guerre au narcotraffic, les entreprises étrangères misent surtout sur la main d'oeuvre bon marché, la proximité du grand marché américain et l'émergence d'un marché intérieur. « Les coûts de fabrication des maquiladoras sont plus faibles qu'en Amérique du nord et son commerce extérieur est stimulé par les nombreux accords commerciaux auxquels adhère le pays », explique un expert français sur place. D'ailleurs, « près de 400 entreprises françaises sont présentes au Mexique en 2010, une cinquantaine de plus qu'en 2006 », ajoute ce Français. Et si le PIB mexicain a chuté de 1,3 % à ? 6,5 % de 2008 à 2009, le FMI table sur une croissance de 4,5 % en 2010. Pourtant, le pays a enregistré plus de 28.000 morts en quatre ans et affiche environ 1.000 enlèvements par an... La violence - ultra médiatisée - s'est accrue depuis l'arrivée de Felipe Calderon, élu président du pays en 2006. 100.000 narcotraficantsSoutenu par les États-Unis, il a opté pour une politique très répressive à l'égard des quelque 100.000 narcotrafiquants qui tirent chaque année près de 23 milliards de dollars de profits - soit 2,26 % du PIB mexicain en 2009 - de leur commerce illicite, selon la National Drug Agency. Les conflits entre État et cartels sont certes récurrents depuis 1990, mais les tensions se sont déjà accrues en 2000 avec l'alternance. Alors que le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), à la tête du pays pendant 71 ans, avait conclu un pacte « tacite » avec les narcotrafiquants, arrivé au pouvoir en 2000, le Parti d'action nationale (PAN, de Felipe Caldéron) a choisi la tolérance zéro. Selon une source proche du pouvoir actuel, la montée des violences s'explique « par le changement de stratégie des cartels. En 1990, ils ne cherchaient qu'à créer des voies d'acheminement de la drogue vers les États-Unis, désormais, ils veulent contrôler le nord du pays où ils produisent, et bien entendu, la frontière ». Résultat : les barons de la drogue s'affrontent entre eux, mais aussi avec quelque 50.000 militaires, déployés sous l'impulsion de Calderon. Face à ce que certains qualifient « d'échec » de sa politique, compte tenu des victimes civiles qu'elle a engendré, le président s'est dit prêt, la semaine dernière, à réviser sa stratégie. Certains - à l'instar de l'ex-président Vicente Fox - prônent même une légalisation des drogues pour en finir avec les cartels, idée jugée « absurde » par Calderon, qui se dit cependant « ouvert au débat ». Selon un proche du pouvoir, il faut souligner « les avancées » depuis 2006 : « la saisie de 84.000 armes, 46 milliards de dollars de drogues et l'arrestation de 70 ténors du narcotraffic.
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