Le « patriotisme économique » s'exacerbe en Europe

Un train allemand, fabriqué par Siemens, utilisé par une firme française (Eurostar, contrôlé par la SNCF) pour relier des capitales européennes (Londres avec Paris, Bruxelles ou Francfort) : sur le papier une parfaite illustration de l'intégration européenne et son marché intérieur. Mais la controverse causée par le choix d'Eurostar d'acheter des trains Siemens plutôt que les TGV français d'Alstom est, au contraire, un cas d'école du protectionnisme croissant au sein de l'Union européenne (UE).Si les ministres français Borloo et Bussereau cherchent à protéger Alstom, ils ne sont pas les seuls responsables politiques en Europe à remettre en cause indirectement la libre circulation des capitaux et des biens dans l'UE. Berlin s'active actuellement pour soustraire le premier groupe de BTP du pays, Hochtief, des griffes de l'espagnol ACS (voir page 20). La chancelière Angela Merkel se déclare soucieuse que « les structures industrielles d'Hochtief et son siège demeurent en Allemagne ». Au plus bas dans les sondages, elle est sous la pression du chef de l'opposition sociale-démocrate (SPD), Sigmar Gabriel, qui l'exhorte à signaler au gouvernement espagnol qu'il ne peut ainsi mettre au chômage des salariés allemands ayant versé, par leurs impôts, des fonds européens à l'Espagne... Le « sain patriotisme d'entreprise » de Gabriel rappelle « le patriotisme économique » du Premier ministre français Dominique de Villepin lors des tentatives d'OPA sur Suez par l'italien Enel ou sur Danone par Pepsi.Ce protectionnisme entre membres de la zone euro n'est donc pas nouveau mais il s'est exacerbé avec la crise. Ne pouvant plus dévaluer sa monnaie, chaque pays de l'euro se bat désormais avec tous les moyens pour arracher des commandes à l'export dans un autre pays européen. Une économie orientée vers les exportations, comme l'Allemagne, plutôt que sur la consommation intérieure, est devenue le modèle à suivre en ces temps de déficits publics vertigineux. Du coup tous les coups semblent désormais permis pour exporter ses produits.Frank Paul Webe
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