Les pays émergents luttent contre l'appréciation de leurs devises

La Chine n'est pas la seule à intervenir sur le marché des changes pour protéger sa compétitivité. C'est la seule à le faire dans des proportions aussi phénoménales : les réserves de change de la Banque populaire de Chine s'élèvent à 2.648 milliards de dollars. Mais d'autres grandes économies émergentes comme le Brésil, le Mexique, l'Argentine, la Thaïlande, la Corée du Sud interviennent aussi pour contrer une hausse trop rapide de leurs monnaies.Les pays asiatiques et d'Amérique latine redoublent d'efforts pour contenir des entrées massives de capitaux étrangers. Le gouvernement thaïlandais a imposé une retenue à la source de 15 % sur les plus-values et les revenus des intérêts des investissements étrangers sur la dette souveraine. Objectif : empêcher une appréciation supplémentaire du bath thaïlandais qui a gagné plus de 11 % depuis janvier par rapport au dollar.Début octobre, le Brésil décidait de doubler à 4 % la taxe sur les achats d'obligations brésiliennes par des investisseurs étrangers afin d'endiguer l'appréciation du real. Le ministre des Finances, Guido Mantega, a comparé les interventions sur les changes à une « guerre des monnaies ». La Corée du Sud a menacé aussi d'imposer de nouvelles limites sur les dérivés de taux de change. Et l'Inde étudie des mesures destinées à maîtriser les fluctuations spéculatives.L'économie mondiale est coupée en deux. D'un côté des pays émergents en forte croissance, de l'autre des économies développées engluées dans la croissance molle, le chômage et des niveaux d'endettement élevés. Résultat, les capitaux, en quête de rendements, affluent vers les pays émergents. Les économistes de Morgan Stanley estiment que plus de 1.100 milliards de dollars de capitaux privés prendront la route de ces pays au cours des douze prochains mois. Les pressions sur les monnaies émergentes devraient donc s'accentuer.Le FMI s'est opposé à ces interventions monétaires. « Dans le cas du Brésil, étant donné les circonstances actuelles, ces flux ont des chances d'être plutôt permanents, donc essayer de les combattre par une accumulation de réserves est probablement autodestructeur », expliquait récemment le chef économiste du Fonds, Olivier Blanchard. Le FMI plaide depuis toujours pour l'appréciation des monnaies des pays connaissant la plus forte croissance, comme la Chine, pour rééquilibrer l'économie mondiale de manière coordonnée.InquiétudesSi l'appréciation des devises émergentes se justifie à moyen ou long terme, elle suscite aujourd'hui des inquiétudes légitimes dans leur pays d'origine. La croissance mondiale marque en effet des signes d'essoufflement, la demande privée n'ayant pas encore complètement pris le relais des plans de relance dans les pays développés.Xavier Harel
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