La multigestion prend le virage de la gestion flexible

Si la multigestion traditionnelle a mieux résisté à la crise que la multigestion alternative, ses encours ont toutefois baissé de près d'un tiers entre 2007 et 2009 (voir graphique). Il n'en demeure pas moins que, pour regagner des parts de marchés, celle-ci est confrontée à de nouveaux défis. À ce titre, la demande des clients se focalise de plus en plus sur les produits flexibles qui associent, en fonction des anticipations de marché des gérants, différentes classes d'actifs. « La multigestion est de plus en plus utilisée afin de construire des produits réactifs, flexibles, patrimoniaux pour la clientèle des particuliers », indique Julien Lobel, directeur de 99 Partners Advisory et auteur d'une étude sur le sujet. Cet engouement pour les produits flexibles, déjà présent auprès des CGPI (conseillers en gestion de patrimoine indépendants), se développe nettement chez les investisseurs institutionnels. L'allocation d'actifs devient ainsi centrale dans la multigestion et conduit les sociétés de gestion à se professionnaliser dans ce domaine. « Avant la crise, le ?stock picking? primait sur l'allocation d'actifs, les gérants ont depuis renforcé leurs équipes et formalisé davantage leurs processus d'allocation stratégique et tactique », poursuit Julien Lobel. Dans ce cadre, les institutionnels vont avoir des exigences très précises vis-à-vis des multigérants. « La multigestion a toujours mené de front l'allocation d'actifs et la sélection de fonds, précise Henri Chabadel, directeur de la multigestion directionnelle de Groupama Fund Pickers. Certains institutionnels vont désormais avoir des demandes spécifiques sur l'un ou l'autre métier et voudront être associés aux décisions de sélection et/ou d'allocation. » Ainsi, à côté de la gestion flexible, des produits purs sont également recherchés sur des thèmes comme les émergents, les matières premières ou les devises. Transparence accrueAutre grande tendance liée à la crise, une transparence accrue est demandée. L'affaire Madoff a suscité des inquiétudes quant au risque de fraude conduisant parfois à quelques aménagements. « L'analyse des fonds sous l'angle du contrôle des risques et de la conformité a été renforcée », explique Julien Lobel.La transparence exigée est aussi due aux contraintes réglementaires. « Les institutionnels ont besoin de connaître la composition précise des portefeuilles afin de pouvoir agréger toutes leurs positions et calculer leurs niveaux de risque », précise Sophie Bigeard, gérante multigestion chez OFI Asset Management. Pour les petits multigérants, des investissements sont donc nécessaires, voire des associations, pour renforcer leurs procédures. « Des fusions entre sociétés de gestion sont encore probables afin d'atteindre la taille critique », conclut Julien Lobel. Rachel Montero
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.