Les méga-fusions et acquisitions bientôt de retour. C'est la Bourse qui le dit

Le fabricant de PC Dell racheté pour 24 milliards de dollars, le producteur de ketchup Heinz repris pour 28 milliards, American Airlines et US Airways qui fusionnent pour devenir la première compagnie aérienne mondiale... Les fusions et acquisitions, et plus particulièrement les méga-transactions, semblent bel et bien faire leur « come-back », en ce début 2013. Cela faisait deux ans que, crise financière oblige, bien peu d'entreprises s'aventuraient dans des opérations de croissance externe, a fortiori d'envergure. «Après deux années particulières [qui ont vu le marché mondial des fusions et acquisitions progresser de 3% seulement en 2011, puis chuter de 4% en 2012, selon Thomson Reuters ; Ndlr], nous sommes sur une tendance différente », confirme Sami Rahal, associé chez Deloitte.Une corrélation historique entre la Bourse et les fusions-acquisitionsPour ce dernier, un indicateur ne trompe pas : celui de la Bourse. Depuis l'été dernier, elle remonte. En Europe, aux Etats-Unis, à tel point que Wall Street a récemment atteint son plus haut niveau depuis 2007, année au cours de laquelle avait éclaté la crise des « subprimes » (crédits hypothécaires américains à risque). Or « la corrélation est historiquement forte entre les indices boursiers et l'activité du marché des M&A (mergers and acquisitions ») », indique Sami Rahal. Contrairement à une idée largement répandue, ce n'est pas lorsque la Bourse est au plus bas que les entreprises se précipitent pour réaliser des acquisitions. Trop d'incertitudes, trop de volatilité. En revanche, maintenant que les marchés ont commencé à remonter, signe que les investisseurs ont repris confiance dans l'avenir, les sociétés pourraient se montrer plus offensives.Un rebond de 18% du marché des M&AD'ailleurs, le marché mondial des M&A a rebondi de 18%, du 1er janvier au 14 février 2013 (par rapport à la même période de l'année dernière), à 278,9 milliards de dollars, selon Thomson Reuters. Certes, près de 60% de ce montant tient à des méga-transactions américano-américaines, comme le rachat de Dell par son fondateur et par le fonds Silver Lake, ou l'acquisition de Heinz par Berkshire Hathaway, la société d'investissement du célèbre financier américain Warren Buffett. Mais « il n'y a pas de raison que l'on n'assiste pas à un retour des méga-deals en Europe, aussi », estime Vincent Battle, un autre associé de Deloitte. « Nous anticipons une reprise des opérations transformantes, dans une logique de réduction de coûts », renchérit Sami Rahal. Et de citer en exemple la fusion avortée entre EADS et BAE Systems, ainsi que le projet de rapprochement - démenti - entre PSA et Opel.Des commissions en chute de 12%Si de telles opérations sont aujourd'hui envisageables, c'est également parce que la remontée des valorisations boursières a réduit l'écart entre les exigences des acquéreurs, à l'affût de bonnes affaires, et celles des vendeurs, soucieux de ne pas brader leurs actifs. Ensuite, pour les acheteurs qui ont besoin de financer une partie de l'acquisition par de la dette, le marché obligataire - et plus particulièrement le segment du « high yield » - s'est rouvert. Une conjonction de facteurs qui devrait pousser les groupes endettés à enclencher enfin leurs programmes de cessions d'actifs non stratégiques. Et les fonds de LBO (Leverage Buy-Out : acquisition par endettement) à investir les milliards levés il y a cinq ans mais non utilisés, faute de pouvoir être complétés par de la dette bon marché pour financer les transactions. Autant d'éléments qui devraient mettre du baume au cœur des banques-conseils en M&A, dont les « fees » (commissions) ont chuté de 12%, l'an dernier, à 20,5 milliards de dollars, d'après Thomson Reuters. 
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