Shobhaa Dé : « Je suis suprêmement optimiste pour l'avenir de mon pays »

Elle est née avec l'Inde, l'année où sa patrie acquérait son indépendance. Romancière, essayiste, éditorialiste réputée du « Bombay Times », Shobhaa Dé sonde son pays à travers ses écrits. Rédigé il y a vingt ans, « la Nuit aux étoiles », son premier roman, rédigé dans une langue crue, à mille milles des bluettes bollywoodiennes est enfin traduit en français. L'histoire d'une jeune fille propulsée par sa mère dans les arcanes sordides des studios de cinéma de Bombay. Elle nous en dit plus. Qu'est-ce qui vous a donné envie de raconter Bollywood côté coulisses ?Écrire a toujours été pour moi une passion et une obsession. J'ai commencé par faire du mannequinat à 17 ans. Rien de tel pour gagner son indépendance et voyager. Mais je savais que ça ne durerait pas. J'ai ensuite tenu des chroniques dans des journaux avant de créer trois magazines, dont l'un consacré au cinéma. Cela m'a donné un accès privilégié à Bollywood. Qu'y avez-vous découvert ?Bollywood nous unit. Ses films sont aussi magiques qu'illogiques, mais ils parlent le même langage que le peuple, ce qui n'est pas rien dans un pays aussi divers. Reste que les paillettes et le glamour cachent un monde de drogue, de corruption, de prostitution, d'exploitation. Mais je suppose que les filles d'aujourd'hui sont moins vulnérables qu'Aasha Rani, l'héroïne de mon livre. Justement, qui est Aasha Rani ?Elle m'a été inspirée par Rekha, une diva qui tourne encore aujourd'hui. Aasha Rani vient du sud de l'Inde. Prostituée par sa mère, elle se retrouve prise dans les filets de Bollywood et tombe amoureuse d'un acteur du nord du pays déjà marié, un leitmotiv chez nous. Mais elle s'en sort. C'est important pour moi de dire aux Indiennes qu'elles sont certes souvent des victimes, mais que, si elles continuent à se considérer comme telles, elles seront effectivement traitées ainsi toute leur vie. Qu'est-ce qui a changé en Inde depuis vingt ans ?Désormais, les femmes travaillent. La société essaye de lutter contre pour maintenir certaines traditions, mais dans dix ans, la question ne se posera plus. Je suis suprêmement optimiste pour l'avenir de mon pays. Les problèmes de caste sont moins prégnants, même s'ils restent encore forts à la campagne et en politique. Face à la crise, notre économie a finalement bien résisté. Mais au fond, notre plus grande richesse, c'est notre jeunesse. Et, contrairement aux Chinois, auxquels nous sommes souvent comparés, nous vivons en démocratie. La seule chose qui freine notre développement, c'est la corruption. C'est d'ailleurs la principale plaie de l'Inde.Propos recueillis par yasmine You
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