Les « Company Paintings »

à la Bibliothèque nationale de France, 130 miniatures et peintures nous plongent dans l'art indien des années 1600 à 1800. Ou plutôt dans « les » arts indiens. « On ne peut pas comparer l'Inde avec un pays comme la France. Les genres qui s'y sont développés au XVIIe siècle sont extrêmement variés selon les géographies. Il serait plus juste d'établir un parallèle avec le territoire européen qui, au même moment, abritait des écoles picturales françaises, italiennes ou hollandaises très différentes les unes des autres » explique Roselyne Hurel, commissaire de la manifestation. L'exposition se focalise donc sur deux styles majeurs : les miniatures d'écoles mogholes et les peintures d'inspiration hindouiste de l'Inde du Sud. L'Empire moghol connut son expansion entre le XVIIe et le XVIIIe siècle avant de sombrer dans la décadence. L'art qui s'y est développé laisse transparaître des influences : indiennes, européennes (de par la présence des Français et des Britanniques) mais aussi persanes. Car Humayun, second empereur moghol, ramena à Delhi, après un exil en Perse, des maîtres de la miniature qui transmirent leur savoir-faire aux artistes de cour. Les décennies suivantes, l'art moghol reflète alors un étonnant syncrétisme. Le naturalisme indien s'allie au clair-obscur européen avec de surcroît des éléments - rochers très découpés, arbres feuillus, couleurs irréelles - typiques de l'art persan. On y représente des scènes de cour ou de chasse, des portraits de personnages importants avec un réalisme et une minutie d'orfèvre.Ce que l'on peut voir dans la section consacrée à l'Inde du Sud est très différent. Les peintures, conservées pour la plupart dans de grands recueils, illustrent des textes religieux et légendaires. On y croise les différentes divinités du panthéon hindou dans un style beaucoup plus synthétique et dans une explosion rafraîchissante d'aplats de couleurs vives. Comme cette immense peinture sur toile du début du XIXe siècle représentant le plan du temple de Jagannatha à Puri, ville sacrée et haut lieu de pèlerinage. Au gré d'une imagerie populaire foisonnante de détails, on y assiste au combat entre deux armées où se bousculent singes, ours et démons, on perd notre regard dans les eaux fourmillantes de poissons, de crabes et de tortues. Au centre, la tour du sanctuaire abrite les dieux. Autour, une multitude de pèlerins s'amassent pour porter leurs offrandes, formant un kaléidoscope de couleurs, généreux et chatoyant.Une petite section de l'exposition nous donne un aperçu des « Company Paintings ». Entre les XVIIIe et XIXe siècles, ces toiles documentaires souvent peintes à la gouache étaient exécutées à la demande des visiteurs européens (particulièrement des agents de la « Company » anglaise des Indes) curieux des us et coutumes du pays. Parmi elles, on retrouve de nombreux dessins architecturaux qui empruntent au trait et à la perspective européenne. Est notamment exposée une représentation grandiose du Taj Mahal étincelante de précision.
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