Les banques auront-elles la peau de Bâle 3 ?

A en croire le Wall Street Journal, les régulateurs internationaux seraient sur le point d\'assouplir les exigences de liquidité qui s\'imposeront aux banques dans le cadre de la nouvelle réglementation de « Bâle 3 ». La crise des dettes souveraines en Europe a donné un poids inespéré aux arguments des banquiers. Depuis deux ans, ces derniers bataillent contre le caractère trop restrictif du ratio de liquidité à court terme. A partir de 2015, celui-ci imposera aux banques de détenir un certain stock de titres de la meilleure qualité (donc facilement vendables), afin de pouvoir affronter une crise de liquidité d\'un mois.Pompiers pyromanesLe problème est que seuls le cash et les titres de dette souveraine sont pour l\'instant considérés comme des actifs « liquides ». Or la crise de la zone euro a montré que la liquidité de certains emprunts d\'Etat pouvait rapidement devenir très limitée. Dès lors, obliger les banques à détenir un coussin de sécurité faisant la part belle aux obligations souveraines risquerait surtout de renforcer le lien nocif entre crise bancaire et crise des dettes souveraines.Les banques centrales parent à toute crise de liquiditéDe plus, comme l\'a récemment souligné le gouverneur de la Banque d\'Angleterre, Mervyn King, la politique des banques centrales limite fortement l\'intérêt de disposer d\'un stock important d\'actifs « liquides » au sens de Bâle 3. En effet, depuis le début de la crise, les banques centrales soutiennent les établissements financiers en leur offrant des flots de liquidité moyennant une gamme de plus en plus large de collatéral.Il manquerait aux banques 2.220 milliards de dollars d\'actifs \"liquides\" au sens de Bâle 3Concrètement, les banques pourraient être autorisées à considérer comme liquides, une plus grande variété d\'actifs, parmi lesquels l\'or et les actions par exemple. L\'idée circule déjà depuis plusieurs mois, mais la publication, au printemps, d\'une étude du Comité de Bâle chiffrant à 2.220 milliards de dollars le montant d\'actifs éligibles que devraient se procurer les banques pour respecter le ratio de couverture des besoins de liquidité à court terme, a obligé les régulateurs à reconsidérer leur position.  Qu\'est-ce que le ratio de liquidité à court terme ? Le ratio de couverture des besoins de liquidité à court terme (Liquidity Coverage Ratio - LCR), tel qu\'il est proposé par le Comité de Bâle et repris par la Commission européenne, se présente comme un stress test extrême : il simule sur 30 jours une situation de crise de liquidité, dans laquelle les banques verraient leurs dépôts se retirer de façon brutale, et leurs crédits ne plus être remboursés. L\'objectif de Bâle 3 est de s\'assurer que les réserves de liquidités des banques, essentiellement définies par les dépôts en banque centrale et les titres d\'Etat, soient supérieures aux sorties de liquidités entraînées par la fermeture du marché interbancaire. Sa composition et son calibrage exacts seront applicables en 2015, après une période d\'observation et d\'analyse.   
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