Total joue les prolongations pour le gisement de gaz de Lacq

Le projet est peu commun dans le monde industriel. Voyant venir la fin du gisement de gaz, exploité depuis 1957 à Lacq (Pyrénées Atlantiques), Total a décidé non seulement de favoriser, depuis des années, l\'implantation d\'activités dans le bassin d\'emploi, mais aussi de prolonger, en la ralentissant, sa production. Plutôt que d\'exploiter les 3 % de gaz, qui restent et de fermer dans trois à quatre ans, Total a décidé de passer à un débit réduit et de réserver, pendant les trente prochaines années, ce résidu de gaz aux industriels voisins pour lesquels il s\'agit d\'une matière première essentielle. Un accord jetant la base de ce projet \"Lacq Cluster Chimie 2030\" va être signé ce lundi sur place entre Total, Arkma et Sobegi, l\'opérateur de la plate-forme industrielle.C\'est une façon de garantir pour une longue période l\'activité industrielle qui s\'est développée autour de Lacq à base du gaz, mais aussi du soufre extrait par Arkema en grande quantité de ce gaz. Cet accord va bénéficier à une trentaine d\'industriels, essentiellement des chimistes. Les promoteurs espèrent en outre convaincre de nouveaux partenaires. \"Total et Arkema garantissent un prix non seulement stable sur trente ans mais également compétitif par rapport à d\'autres régions du monde\", soulignent les promoteurs du projet. Une performance sur une telle durée.Le japonais Toray construit une nouvelle usine de fibres de carboneUn point clé pour convaincre l\'industriel japonais Toray, qui a confirmé en mars dernier un projet de nouvelle usine sur place, un investissement de 130 millions d\'euros. Déjà présent sur le bassin via son usine de production de fibres de carbones à Abidos, Toray va enrichir sa filière avec une usine dite de précurseurs. A savoir une unité où sera fabriquée la matière première de la fibre de carbone qu\'il fait, jusqu\'à présent, venir du Japon. \"On continue à travailler sur d\'autres projets, de taille inférieure, dans les secteurs de la chimie fine, des fibres carbone et des énergies vertes\", indiquent Total et Sobegi.Pour continuer à extraire et traiter pendant trente ans les 3 % de gaz qui restent dans le gisement, il faut modifier les installations industrielles. Un chantier de 154 millions d\'euros. Total va investir 8 millions d\'euros pour reconfigurer les puits qui vont travailler à débit réduit. A débit équivalent, le résidu de gaz serait produit en trois ou quatre ans. De même, Arkema va dépenser 36 millions d\'euros pour adapter son outil de fabrication de produits soufrés. Le gros de l\'investissement (110 millions) va être utilisé pour construire de nouvelles unités de traitement du gaz, de séparation du soufre et une chaudière qui produira de la vapeur. Il sera financé par l\'opérateur Sobegi, détenu à 60 % par Total et 40 % par Cofely (GDF Suez) qui assure depuis 2010 la gestion des services communs (production de vapeur et de gaz industriels) nécessaires à la plate-forme industrielle de Lacq. Une manière de montrer que ce n\'est plus le terrain de jeu réservé de Total.\"Le sou du Sud Ouest\", un fonds abondé depuis 1957Une réalité depuis 2008, lorsque le producteur espagnol de bioéthanol Abengoa est venu rejoindre sur place Total et son ex-filiale Arkema. Dès la mise en production du gisement de Lacq en 1957, Total s\'est préoccupé d\'anticiper les conséquences de son épuisement. \"Pour chaque mètre cube de gaz extrait, nous mettions de côté un franc\", explique le groupe. Un fonds baptisé le \"franc gazier\" ou \"le sou du Sud Ouest\". De multiples initiatives de soutien des PME locales et de recherche de partenaires industriels ont porté leurs fruits. \"Depuis vingt ans, la production de gaz a été divisée par 10 mais nous avons réussi à maintenir les effectifs globaux d\'emplois dans le Bassin de Lacq, environ 8.500 emplois dont la moitié par les industriels\", soulignent Total et Sobegi.Quant au stockage de CO2, testé jusqu\'en juillet 2013, sur un puits fermé à 27 km du réservoir principal, il ne devrait pas voir son périmètre élargi. Lorsque ce pilote, qui teste la chaudière à la sortie de laquelle le CO2 est récupéré, mais aussi la compression et le transport de ce gaz carbonique, sera fermé, le stockage fera l\'objet d\'une surveillance pendant trois ans.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.