Les armées européennes bientôt à la diète

Ce lundi, à l'ouverture du Salon aéronautique de Farnborough, les sourires seront un peu figés. Pas seulement parce que la plupart des industriels présents dans la banlieue chic de Londres préféreraient fouler le sable chaud de plages exotiques. Cette année, ils sont aussi rattrapés par les déficits abyssaux des États, qui vont tailler dans les budgets de défense - il est vrai à la fête ces trois dernières années.Les militaires occidentaux, qui se retrouvent une nouvelle fois en première ligne, ont un ennemi commun : le Trésor. D'autant que les industriels du secteur, en général à la fois dans le civil et le militaire, ont subi une crise sans précédent dans l'aéronautique civile avec une chute historique du trafic passagers en 2008 et 2009. Cela n'a pas empêché jusqu'ici Boeing et Airbus, épargnés grâce à leur formidable carnet de commandes, de livrer près de 500 avions chacun l'an dernier. Et le géant européen va encore se distinguer en annonçant de nouvelles commandes à Farnborough.Les industriels du secteur et les militaires, notamment de la vieille Europe (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Espagne), se préparent donc à l'exercice douloureux du coup du ciseau. Le premier d'entre eux, EADS, commence à sentir le souffle des conseillers du Trésor dans son dos. Le groupe aéronautique est présent dans la plupart des grands programmes d'armement, de l'avion de combat Eurofighter, dont certains se demandent déjà si certaines chaînes d'assemblage ne vont pas fermer dès 2014, à l'avion de transport militaire A400M, dont la signature du nouveau contrat est attendue à partir de fin septembre (sauf catastrophe), en passant par les drones, qui sortent des écrans radar en Europe.attendre des jours meilleurs« Les États européens sont en train d'évaluer leurs capacités, expliquait samedi à Londres le président exécutif d'EADS, Louis Gallois. Ils se préparent à réduire ou, à défaut, à ne pas augmenter les budgets de défense. Il faut que l'on s'adapte à cet environnement et EADS est prêt à prendre les mesures adéquates en ayant un dialogue constructif avec les États. Mais ce marché connaîtra une reprise, une fois passés trois à quatre ans difficiles. » Clairement, les industriels vont tenter de faire le dos rond tout en préservant l'avenir. À savoir les bureaux d'études. Et vont tenter d'« entourlouper » la puissance publique avec de vieilles ficelles, comme les fameux partenariats public-privé.Surtout, ils vont profiter de la reprise, certes encore fragile, du transport aérien. Leurs regards se tournent vers les marchés émergents avec leurs taux de croissance à deux chiffres. « La taille de l'Europe est limitée et la croissance inexistante », soulignait samedi le numéro deux d'EADS, Marwan Lahoud. Le moteur de la croissance est dans les émergents, comme en Chine où le trafic aérien progresse de 19 %, selon le directeur des ventes d'Airbus, John Leahy. La part de l'Asie-Pacifique et du Moyen-Orient dans le carnet de commandes d'EADS s'élève déjà respectivement à 26 % et 24 % sur un total de 389 milliards d'euros fin 2009 (contre 16 % aux Amériques et 31 % à l'Europe).
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