L'impact de « Bâle 3 » devrait être favorable à la croissance à long terme

Tel est pris qui croyait prendre. Déterminés à obtenir l'assouplissement du nouveau cadre prudentiel, dit « Bâle 3 », qui doit s'appliquer au secteur entre 2013 et 2018, les lobbys bancaires avaient appelé les régulateurs du Comité de Bâle à évaluer l'impact macroéconomique du relèvement des exigences de capital et de liquidité. Une réforme que les banques présentaient comme forcément néfaste à la croissance, en s'appuyant sur une étude alarmiste de leur association mondiale. L'Institut de la finance internationale y anticipait une perte de croissance cumulée de 3,1 points de PIB pour les grandes économies à l'horizon 2015, et même de 4,3 points pour la zone euro. à l'arrivée, ces affirmations sont formellement contredites par les deux rapports publiés mercredi par les sages de Bâle et par le Conseil de stabilité financière (CSF). Ces travaux concluent en effet que les coûts macroéconomiques du passage au nouveau cadre sont « supportables, notamment avec des dispositifs de transition appropriés, tandis que les bénéfices à long terme [...] seront substantiels », selon Mario Draghi, président du CSF et gouverneur de la Banque d'Italie. La première étude, réalisée en collaboration avec le FMI, estime que la transition au nouveau cadre n'aura qu'un « impact modeste sur le PIB agrégé ». Si l'on suppose que la transition sera étalée sur quatre ans, chaque point de pourcentage de ratio de fonds propres durs supplémentaire se traduira, dans le scénario central, par un décalage du PIB de - 0,2 % par rapport à la trajectoire de croissance actuelle. Jusqu'à 1,9 % de gain de pibTraduit en taux de croissance, cela donne une déperdition de 0,04 point par an sur une période de quatre ans et demi. Un résultat à rapprocher des conclusions d'une récente analyse de JP Morgan, qui estimait que l'impact de Bâle 3, dans sa version amendée du mois de juillet, ne dépasserait guère 2 % pour le ratio de fonds propres durs des 18 grands groupes étudiés, à l'exception d'UBS (environ 4 %). Le taux de croissance serait ainsi amputé de moins de 0,1 point. Quant aux exigences de liquidité, une hausse de 25 % de la détention d'actifs liquides par les banques n'aurait qu'un impact de 0,02 point de croissance par an. Pas de quoi faire dérailler la reprise économique, aussi molle soit-elle. La seconde étude évalue l'impact macroéconomique à long terme, hors coûts liés à la transition, en mettant en balance les effets positifs (diminution du risque de crise bancaire et de la volatilité du PIB hors période de crise) et négatifs (hausse du coût de financement des acteurs économiques). Conclusion : avec un ratio de fonds propres agrégé de départ de 7 %, un passage à 8 % génère un gain net de 0,25 % de PIB à long terme si l'on suppose que les crises bancaires n'ont qu'un impact transitoire sur la production, ce qui semble peu probable au vu des dégâts causés par la dernière. Ce gain passe à 1,2 % pour un impact permanent modéré. Il progresse jusqu'à 1,9 % lorsque l'on pousse le ratio de fonds propres jusqu'à 13 %, avant de décroître légèrement au-delà. Enfin, même en supposant un impact transitoire des crises bancaires, la hausse du ratio de fonds propres ne devient néfaste que lorsqu'on dépasse 15 %.
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