Les raffineries françaises chamboulent les cours des produits pétroliers

La tonne de naphta se sent pousser des ailes. Ce dérivé liquide du pétrole brut, utilisé pour raffiner de l'essence mais aussi des solvants, était pour le moins peu recherché ces derniers temps : la marge de raffinage pour produire une tonne de naphta, qui était de 8 dollars par baril en 2007, a passé l'essentiel des deux dernières années dans le rouge. La grève qui s'est propagée du port de Marseille à 12 raffineries françaises a toutefois inversé cette tendance. Depuis quelques jours, la production d'une tonne de naphta dans une raffinerie se traduit par une marge, même minime, de 90 centimes, avec la tonne de naphta à 749 dollars. Depuis le début de la grève, le produit a en effet bondi de près de 13 %, alors que le pétrole brut a plutôt eu tendance à refluer. Un scénario identique se dessine pour l'essence, dont la marge a bondi à 5 dollars par baril, ainsi que pour le gazole, dont l'Europe est un gros consommateur. Les deux produits pétroliers viennent de voir leurs prix pour livraison immédiate dépasser celui des livraisons différées: une situation inhabituelle, synonyme de la rareté de l'offre de produit physique.RépercussionsL'interruption des raffineries a des répercussions jusqu'aux États-Unis, qui importent beaucoup d'essence de France - les raffineries françaises produisant surtout de l'essence alors que les voitures locales consomment plutôt du diesel. Les cours de l'essence outre-atlantique ont tendance à plus grimper que le pétrole brut ces derniers temps.La brusque réaction des cours de produits pétroliers à la grève française met en lumière l'interdépendance des marchés, mais aussi la situation de surcapacité des raffineries européennes : 20 % d'entre elles étaient inutilisées avant le début de la grève en France, ce qui permet en théorie aux raffineries du Nord et du Sud de l'Europe de prendre le relais. Une situation découlant d'une crise structurelle des marges de raffinage, qui s'explique aussi par une la modification géographique de l'offre. L'ouverture de nouvelles capacités de production en Inde et au Moyen-Orient, plus rentables que les raffineries européennees, a asséché le marché pour les produits pétroliers européens. La grève pourrait aussi avoir un impact de long terme sur les prix du baril de pétrole. Selon JP Morgan Chase, « la nature prolongée de la grève devrait se traduire par une perte sèche de demande de pétrole, comme lors de la dernière grève » assurent les analystes américains. Aline Robert
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