Europe ? : les bébés du divorce

On sait l'Europe malade de sa démographie. Mais on n'a sans doute pas assez mesuré combien la démographie compromet l'idée même d'Europe. Depuis quarante ans, le taux de natalité s'est effondré sur le Vieux Continent. Ce phénomène, couplé à une augmentation générale de la durée de la vie, entraîne un vieillissement accéléré de la population. Le cas allemand est à cet égard exemplaire. L'étude que vient de publier l'institut Destatis confirme ce que l'on savait déjà, mais en pire?! Avec un taux de fécondité oscillant depuis trente ans entre 1,3 et 1,4 enfant par femme en moyenne ? il en faudrait 2,1 pour remplacer les générations ?, la population d'outre-Rhin est entrée dans une phase de décroissance accélérée. L'an dernier, on y dénombrait plus de 82 millions d'habitants. Destatis estime qu'ils ne seront plus que 65 à 70 millions en 2060, dont un tiers de plus de 65 ans et 15 % de plus de 80 ans?! Certes, l'Allemagne n'est pas seule dans ce cas. Mais le contraste est chaque année plus saisissant avec les pays européens à la démographie plus dynamique, France en tête, où le taux de natalité dépassait l'an dernier les 2,07 enfants par femme. Ce grand écart va bouleverser la hiérarchie des pays de l'Union européenne. En 2060, et sans doute avant, Britanniques et Français seront plus nombreux que les Allemands. Mais ce n'est pas le plus important. Ce hiatus démographique entrave la création d'une Europe sociale. La France s'achemine douloureusement vers un âge de la retraite compris entre 60 et 65 ans quand l'Allemagne, qui a adopté le principe d'un passage progressif à 67 ans, débat déjà de l'idée d'aller plus loin. Toute harmonisation s'annonce donc difficile, voire impossible. On voit mal un peuple européen accepter de payer pour la retraite de ses voisins. Par capillarité, des cotisations aux modes de financement, ce divorce en entraîne d'autres, qui feront diverger les politiques économiques. Et le mal va même au-delà. Plus l'Allemagne vieillit, plus elle devient phobique du déficit. Elle vient de graver dans le marbre de sa Constitution la limitation du déficit public fédéral à 0,35 % de son PIB dès 2016. Les Français, plus jeunes, ne débattent, eux, que du? grand emprunt. [email protected] pierre-angel gay
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