Le discours très politique de la reine d'Angleterre

ProgrammeUne promesse de diviser le déficit de l'État par deux et un meilleur encadrement des bonus des traders?: le discours de la reine d'Angleterre avait un ton très politique hier, à six mois des élections législatives. Ce n'est bien sûr pas Sa Majesté qui a écrit le discours, mais Gordon Brown, le Premier ministre. Ce rituel très protocolaire, où la chef de l'État britannique annonce ce que « son gouvernement » va faire dans l'année parlementaire à venir, avait pourtant un goût encore plus politique que d'habitude : la grande majorité de la douzaine de lois annoncées ne sera jamais votée. il reste en effet moins de 80 jours de travail à la Chambre des communes avant les élections.Le discours de la reine est donc à lire comme une ébauche de programme électoral. Gordon Brown cherche notamment à provoquer les conservateurs sur l'encadrement des bonus, en allant au-delà des propositions du G20. Il propose de donner au régulateur financier, la FSA, le pouvoir d'annuler le contrat d'un trader dont le bonus serait jugé porteur de trop de risques. Les conservateurs répondent qu'ils préfèrent s'en tenir aux idées du G20. Et les spécialistes du droit du travail sont sceptiques quant au réalisme de cette loi : « Celle-ci ne semble viser que les bonus garantis, souligne Bettina Bender, du cabinet d'avocats CM Murray. En l'absence d'un plafonnement des bonus, son effet sera probablement très limité. »« Testament »Autre versant important de la future loi?: les grandes banques seront obligées de préparer un « testament » qui pourra être utilisé pour les démanteler en cas de faillite. L'objectif est de ne pas renouveler l'expérience de Lehman Brothers, où personne ne savait qui possédait quoi longtemps après son effondrement.L'autre grande loi proposée par Gordon Brown vise à réduire le déficit britannique par deux d'ici quatre ans. Le Premier ministre britannique tente ainsi de regagner sa crédibilité d'homme prudent. Lui qui s'est longtemps vanté d'avoir mis en place une « règle d'or » (maintenir la dette de l'État en dessous de 40 % du PIB) a été obligé de laisser filer les comptes publics cette année, avec un déficit qui va atteindre 12 % du PIB. L'opposition rétorque que la loi est une promesse vide si elle n'est pas accompagnée de vraies baisses des dépenses. Éric Albert, à Londre
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