Les Grecs accueillent François Hollande partagés entre attentes et désillusions

Tout au long de sa campagne présidentielle de 2012, la presse grecque s\'était embrasée pour François Hollande. Son discours est une « première piqûre d\'optimisme pour la Grèce depuis bien longtemps », flattait le quotidien To Vima. Ses confrères de Ekhatimerini ajoutaient : « François Hollande est écouté et estimé en Grèce.» To Ethnos s\'emballait : « François Hollande pourrait apporter l\'étincelle» pendant que le journal Avgi annonçait déjà « un changement de climat pour l\'Europe.» A l\'époque, François Hollande séduit la Grèce. Lorsque les Grecs votaient HollandeAu premier trimestre 2012, le « dossier grec » était, il est vrai, brûlant. Le candidat français s\'affiche alors comme « l\'ami des Grecs.» Emissions d\'obligations européennes (euro-bonds), signature d\'un pacte de stabilité, consolidation de la dette publique avec des prêts directs de la BCE pour les Etats, implication de la banque européenne d\'investissements... Il vante un programme anti-austérité à l\'échelle européenne, qui charme l\'ensemble des peuples du sud, dont une grande partie de Grecs.« François Hollande a réellement posé la question d\'une nouvelle politique fondée sur la croissance en Europe, ce qui n\'avait pas été le cas avant », rappelle Savas Robolis, directeur scientifique du GSEE (l\'un des principaux syndicats en Grèce), précisant que « la France est désormais un contre-poids à l\'Allemagne, c\'était moins le cas lorsque Nicolas Sarkozy était à l\'oeuvre.» L\'ex-président français, en effet très apprécié des Grecs lors de son élection en 2007, a largement chuté dans l\'opinion publique grecque en 2010, lors de son adhésion à la politique d\'austérité d\'Angela Merkel.Aussi, en mai dernier, l\'élection de François Hollande suscite une vague d\'espoir chez le peuple grec qui y voit là un camouflet à l\'encontre de la politique d\'asutérité du couple Merkozy. Premier geste fort : le socialiste se rend au lendemain de son élection à Berlin, pour y rencontrer Angela Merkel. Auprès de la chancelière, il réaffirme ses divergences sur le dossier grec, son refus d\'une politique centrée uniquement sur la rigueur au profit d\'une politique de croissance. « Je mesure les épreuves et les souffrances qu\'une partie du peuple grec subit. Nous viendrons vers eux pour leur permettre d\'assurer leur croissance. Je dois envoyer un certain nombre de signes », déclare alors le président français. Quelques semaines plus tard, le 28 juin à Bruxelles, la signature du « pacte de croissance» scelle la fin officielle de l\'ère « Merkozy.» Popularité désormais en demi-teinteHuit mois après l\'élection du président français, le constat en Grèce demeure toutefois plus mitigé. « En mai dernier, les Grecs attendaient trop du changement de président en France. Désormais, ils sont plus réalistes », résume Georgos Tzogopoulos, chercheur à la fondation Eliamep (fondation hellénique pour la politique européenne). « Ils savent que François Hollande reste un soutien pour la Grèce mais il ne peut pas tout pour le pays. Les Grecs sont donc déçus, cela tient aussi au fait qu\'ils souffrent de la pauvreté et de la récession.» Ce début d\'année 2013 est effectivement morose pour le peuple grec. La zone euro se réjouit de la nouvelle tranche d\'aide délivrée au pays, cette subvention, visant d\'abord à restructurer des banques, est nécessaire à la stabilisation de l\'économie européenne. Mais à l\'aube d\'une sixième année de récession, les Grecs, qui continuent de plier sous le poids des taxes, ne constatent toujours aucun investissement direct pour la croissance du pays. Pour Georgos Tzogopoulos, il est désormais impératif de « distinguer les chiffres du déficit budgétaire et du déficit de la balance courante de ceux de l\'économie réelle qui, eux, sont très mauvais.» « Cette année, le chômage atteindra 29% en Grèce. En janvier, les recettes fiscales ont été inférieures de 35 millions d\'euros par rapport aux attentes du gouvernement. Pourquoi ? Parce que les gens ne peuvent pas payer leurs taxes, trop importantes », constate, pessimiste, Savas Robolis. Selon lui, malgré « les discours encourageants de François Hollande sur la croissance », l\'austérité « intenable » est toujours de mise dans le pays, et « rien n\'a réellement changé depuis le départ de Sarkozy.» Le parti Syriza, deuxième force du pays, demeure plus que critique à l\'égard du président français. «C\'est le devoir de la France et donc de François Hollande de protéger les autres pays européens d\'une politique d\'Angela Merkel, estime le député Nasos Athanasiou. J\'attendais une attitude différente de la part du Président français. Je suis déçu, et beaucoup de Grecs le sont, car François Hollande ne dirige pas, il suit Angela Merkel. »Une visite sous le signe de la relanceNéanmoins, la venue de François Hollande reste bienvenue dans le pays. En se rendant à Athènes la veille d\'une grève générale de grande ampleur (mercredi 20 janvier), « il veut montrer son soutien aux Grecs face aux réformes difficiles, soutient Georges Tzogopoulos, il veut relancer les relations franco-helléniques, ce qui est bienvenu.» Sa visite intervient quelques jours après son premier discours au parlement européen, le 5 février dernier. Intervention dans laquelle il a rappelé ses priorités pour l\'Europe : croissance, emploi, solidarité... « Il faut lui laisser du temps, plaide Savas Robolis, il est en train de créer des coalitions avec la Belgique et l\'Espagne pour combattre la politique d\'austérité. En 2014, lors des élections européennes, cela pourra avoir un impact majeur sur la direction des politiques européennes. »
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